Comme chaque année, les émigrés de Bouzeguène viennent se ressourcer dans leurs villages respectifs à l'occasion des vacances d'été, qui ont coïncidé cette année avec la fête de l'Aïd. Nostalgie et amour du pays ont été plus forts pour pousser ces fils et filles des villages à venir retrouver leurs familles pour prendre part à leur joie à l'occasion de cette fête du sacrifice. Certains d'entre eux rentrent pour la première fois, après une dizaine d'années d'absence, temps nécessaire pour décrocher leur premier titre de séjour. Les rues de Bouzeguène grouillent de ces expatriés. Déjà, depuis le début du mois de juillet, les premiers vacanciers, généralement des retraités ou des mères de famille, commencent à arriver au village, mais le grand rush a débuté aux derniers jours du mois d'août. Le retour des émigrés procure une grande joie dans leur entourage. Grâce au taux de change de l'euro, qui a dépassé, au marché parallèle, la barre des 210 dinars, les émigrés peuvent passer des vacances largement à leur portée et sans trop de soucis. Les liens que les personnes issues de l'émigration entretiennent avec leurs villages participent à la dynamique de développement collectif. Cependant, on est très loin des ces anciens émigrés qui, il y a quelques années, finançaient, à titre individuel, des projets importants, à l'instar de cet émigré qui avait financé à lui seul la construction d'un réservoir d'eau de 100 m3. Aujourd'hui, avec la crise qui sévit en Europe, la contribution des émigrés pour leurs villages ne se fait que collectivement. Les villages de Bouzeguène retrouvent donc une certaine ambiance qui change un peu le quotidien de leurs habitants. La joie des retrouvailles avec un être cher vaut bien son pesant d'or. La succession des fêtes de mariage, et surtout, l'occasion de relancer les travaux ou de modifier la construction de leurs habitations apportent également satisfaction et soulagement. Les vacances tirent à leur fin. Le temps du retour est très difficile pour ces émigrés qui, en passant trois semaines au pays, commencent à y prendre plaisir. Le départ, en quittant leurs proches, est vécu comme une perpétuelle déchirure. Encore quelques jours de nostalgie et de farniente au village avant de replonger de nouveau dans le stress de la ville.