La hausse du montant des dépenses en ce mois est de l'ordre de 9,1% au Maroc, de 32% en Egypte et de 30% en Tunisie, d'après les chiffres des organismes d'études et de statistiques respectifs de ces trois pays voisins. Ce même montant n'est hélas pas encore évalué en Algérie. A l'exception de l'indice de consommation mensuel, l'Office national des statistiques (ONS) n'a pas encore consacré une étude spécifique traitant de la consommation en ce mois particulièrement singulier quant aux habitudes de consommation. A défaut d'enquêtes et de statistiques, les révélations et les témoignages des consommateurs constituent le seul recours pour avoir une idée d'impact sur le niveau de la consommation, et partant, de l'activité économique toute entière du pays. «Ce sont toutes nos habitudes de consommation qui changent», constate Khaled, cadre dans une entreprise publique et père de trois enfants. Pour lui précisément, les dépenses commencent avant même l'arrivée du mois sacré avec l'achat de quelques ustensiles de cuisine. Les habitudes de consommation changent complètement durant ce mois, ce qui n'est pas sans avoir une incidence directe sur la structure du budget familial. Une bonne partie, pour ne pas dire la quasi-totalité de ce budget, est consacrée à l'achat des produits alimentaires. C'est la première source de dépense des ménages en ce mois de jeûne. «On reporte toutes les autres dépenses hors produits alimentaires», souligne Hakim, salarié et père de deux enfants. «J'avais prévu d'acheter une citerne d'eau pour face aux perturbations fréquentes d'alimentation en eau potable, mais j'ai abandonné l'idée pour faire face aux besoins du mois sacré», indique-t-il. Cette année, la pression sur le budget familial est d'autant plus accrue en raison du calendrier qui a fait coïncider le mois de Ramadhan avec la rentrée scolaire. Une virée dans nos marchés de fruits et légumes nous renseigne amplement sur la tendance haussière de la consommation pendant le mois sacré. Une tendance exacerbée par la prolifération des marchés illégaux et les vendeurs ambulants qui se dressent devant les jeûneurs à chaque coin de rue et usent de toutes les techniques pour les appâter. Parmi les produits alimentaires qui ont la cote pendant ce mois, il y a lieu de citer le lait, la tomate, les œufs, les dattes, les viandes, les légumes frais, le sucre, les fruits secs et les différentes épices. La quantité consommée en certains produits alimentaires habituels se voit carrément doubler, voire quadrupler pour certains ménages. Hausse de la consommation de la viande C'est le cas notamment du lait dont la consommation mensuelle passe, pour un ménage moyen de cinq personnes, de 35 litres en temps normal à 45 litres durant le Ramadhan. Cette hausse est due au fait que le lait entre dans la préparation de plusieurs plats et desserts très prisés par les Algériens en ce mois de piété. La consommation des viandes (rouges et blanches) enregistre également une hausse significative. Elle passe ainsi pour un ménage moyen de 7 kg à 13 kg. Autres faits marquants du mois sacré, c'est la consommation exagérée des gâteaux et sucreries (tartes, qalbellouz et zlabia). Le commerce de ce type de gâteaux ne désemplit pas durant tout le mois de Ramadhan. «J'achète chaque jour un kilo de zlabia à 100 DA le kg», avoue Hamid, magasinier dans une entreprise privée et père de quatre enfants. Ces trente jours de carême connaissent par contre une faible augmentation de la consommation des produits à base de céréales (pâtes). La frénésie consommatrice en produits alimentaires commence à s'estomper dès la troisième semaine du mois sacré pour laisser place à une autre préoccupation synonyme pour sa part de grande dépense : les produits vestimentaires. Les vêtements surclassent les produits alimentaires de par l'importance du budget à y consacrer. Les commerces et vitrines d'habillement sont pris d'assaut dès la deuxième quinzaine de Ramadhan en préparation de la fête de l'Aïd El Fitr. Les vêtements d'enfants représentent le gros des achats pour les pères de familles. «Pour mes trois enfants, je débourse chaque année une moyenne de 5000 DA et ce, pour n'acheter que des vêtements de bas de gamme», affirme Khaled pour qui Ramadhan est tout sauf un mois d'abstinence et d'austérité budgétaire.