Ali Fawzi Rebaïne, malheureux candidat à la présidentielle de jeudi dernier avec seulement 0,93% des suffrages exprimés, ne compte pas rester les bras croisés. Il va saisir le chef de la mission d'observation de l'ONU sur les cas de fraude et de dépassements enregistrés dans certaines wilayas du pays le jour du vote. « Nous allons saisir la mission d'observation de l'ONU », a indiqué, hier au téléphone, Aïssa Belmekki, directeur de campagne de Rebaïne, en fustigeant les déclarations lénifiantes des représentants de la mission d'observation de la Ligue arabe et de l'Union africaine, venus en Algérie, ajoute-t-il, « pour faire à la fois le tourisme et l'apologie du pouvoir en place ».Le chef de la mission d'observation de la Ligue arabe, Chadli Nefati, s'est félicité jeudi de l'organisation « irréprochable » et du « climat serein » qui ont marqué le déroulement du vote. Notre interlocuteur estime aussi qu'ils vont saisir la commission politique de surveillance des élections, non sans rappeler qu'ils « ne se font pas trop d'illusions sur la position d'un responsable désigné par le président candidat ». Selon lui, sur les 50 recours adressés à la commission présidée par Teguia depuis le début de campagne électorale, ce dernier n'a reconnu que 4 recours. Commentant le scrutin de jeudi dernier, M. Belmekki le qualifie de « énième mascarade ». Depuis l'indépendance du pays, il n'y a pas eu d'élections libres et transparentes, rappelle-t-il. « Les partisans de Bouteflika ont usé de menaces pour obliger les citoyens à aller voter. Il existe une complicité totale pour favoriser une société laxiste », a encore fustigé M. Belmekki. Pour sa part, Ali Fawzi Rebaïne, président du parti Ahd 54, crie au loup. « La fraude s'est déjà mise en marche durant l'organisation et la préparation des élections. Le bourrage des urnes était une formalité », s'est-il écrié, jeudi soir, au siège de son parti, rue Larbi ben M'hidi. Et d'enchaîner : « Même s'il (Bouteflika) remporte le vote avec 99% des suffrages et qu'ils me donnent 0,1% des voix exprimées, la population ne va pas mourir de rire sur mes résultats, mais plutôt sur les siennes », explique-t-il, faisant allusion à une victoire à la soviétique. Le président de Ahd 54 s'en est pris, sans le citer, à Bouteflika, l'accusant d'avoir porté au firmament « le culte de la personnalité ». « Alors que des régions souffrent le martyre à cause des problèmes sociaux, on voit des posters géants du Président confectionnés à raison de 40 millions de centimes. Où allons-nous ? », s'est-il interrogé, en indiquant que « le peuple est assez intelligent pour comprendre ces manœuvres ». M. Rebaïne a, en outre, dénoncé la dilapidation des deniers publics par Bouteflika pour les besoins de la campagne électorale. « Il a dilapidé des sommes astronomiques. Ceci au moment où nous avons trouvé les pires difficultés à avoir 1,5 milliard », fulmine-t-il, en invitant Abdelmalek Sellal, directeur de campagne de Bouteflika, à révéler « les noms des patrons qui ont ouvert leur tirelire au Président pour y puiser à volonté ». Avant de répondre lui-même : « Les cercles qui le financent sont ceux-là mêmes qui bénéficient en contrepartie des grands projets. » M. Rebaïne n'a pas non plus ménagé l'ENTV, la qualifiant d'« outil de propagande en faveur du candidat du pouvoir ».