En tout cas, une réunion est prévue aujourd'hui dans l'après-midi entre les robes noires et les responsables du ministère de la Justice. Pour mieux défendre leur cause lors de l'audience d'aujourd'hui, les avocats d'Alger ont tenu hier, en fin d'après-midi, une réunion de travail pour coordonner leurs actions. En outre, dans une déclaration rendue publique, Mokrane Aït Larbi, avocat au barreau d'Alger, a estimé que le dialogue entre l'Union des barreaux et le ministère de la Justice demeure le meilleur moyen pour régler les problèmes de la profession. Revenant au conflit qui oppose les avocats aux pouvoirs publics, M. Aït Larbi – qui n'a pas pris part au sit-in observé au début de la semaine – fera remarquer que sur le plan du principe il ne peut être que solidaire avec les décisions du conseil de l'ordre des avocats qui ont décidé de boycotter la nouvelle cour. Cependant, sur le fond, l'avocat trouve à redire puisqu'il observera que les préoccupations de la majorité des avocats ne sont pas clairement formulées par le conseil. Pour M. Aït Larbi, le problème fondamental réside notamment dans le statut de l'avocat qui n'arrive pas à voir le jour à cause des ambitions personnelles. Ce statut doit prévoir, indiquera l'orateur, l'élection du bâtonnier par l'assemblée générale et pour un seul mandat, et faire de l'avocat un véritable partenaire de la justice, en lui permettant dans les textes et les pratiques de concourir à «l'œuvre de justice, au respect du principe de la primauté du droit et à la garantie de la défense des droits et libertés des citoyens», comme le stipule l'article 1 du statut actuel. En outre, M. Aït Larbi précisera que l'exécution des décisions de justice demeure le problème principal des justiciables. Il rappellera que les conditions de garde à vue, de l'instruction, les problèmes d'expertise et le nombre d'affaires enrôlées pour chaque audience (jusqu'à 300 dossiers) ne permettent pas à l'avocat algérien de jouer son rôle pour imposer un procès équitable selon les normes internationales. Pour l'avocat au barreau d'Alger, la force des avocats réside ni plus ni moins dans leur solidarité et dans l'indépendance du barreau et «non dans les appels répétés au président de la République». A signaler par ailleurs que «Droit-Solidarité», une association adhérente à l'Association internationale des juristes démocrates – et qui compte dans ses rangs des avocats qui «s'honorent d'avoir tout au long de la guerre d'indépendance participé à un pont aérien de défense de patriotes algériens devant les tribunaux militaires» -, a indiqué hier attacher une importance particulière à la préservation de l'image démocratique de l'Algérie pour laquelle ils ont combattu. «Nous sommes préoccupés du fait que des avocats et des magistrats soient harcelés sans omettre la mise en cause des droits de la défense et de l'indépendance de la justice. Nous espérons que les autorités compétentes y mettent bon ordre avec la vigilance que cela appelle», expliquent les représentants de cette association.