Ces derniers relèvent une situation paradoxale : le secteur privé qui contribue à hauteur de 80% de la création de la valeur ajoutée, n'accède qu'à 50% des crédits. Il semble, par contre, que la situation est parsemée de zones d'ombre. Directeur du cabinet ECOtechnics, Saïd Ighilahriz considère, dans un document parvenu à notre rédaction, que «la situation est beaucoup plus dramatique». Selon lui, il n'y a aucune raison d'inclure les crédits aux ménages dans les statitisques relatives au financement du secteur privé. M. Ighilahriz souligne, citant une note de conjoncture de la Banque d'Algérie du 2e semestre 2006, que «les créances détenues sur le secteur privé sont très fortement concentrées». Ce phénomène de concentration est très grave dans la mesure où un nombre réduit de bénéficiaires peut accaparer une proportion assez importante des crédits, prévient le directeur du cabinet ECOtechnics. Pour étayer ses propos, M. Ighilahriz cite le cas de Tonic Emballage, en estimant que les crédits consentis à cette société qui se chiffrent à des dizaines de milliards de dinars, totaliseraient près de 10% des stocks des crédits à fin mars 2009 consentis aux entreprises privées. Déplorant toutefois le fait que la Banque d'Algérie n'ait pas donné des statistiques détaillées sur ce phénomène de concentration des crédits, il soutient qu'«on peut facilement démontrer que ces dizaines de milliards de dinars auraient eu un impact largement plus important tant sur l'emploi que sur la création de la valeur ajoutée s'ils avaient été octroyés aux dizaines de milliers de PME qui peinent, aux guichets, à accéder à quelques millions de dinars». Sur sa lancée, il estime qu'il est légitime de «s'interroger sur la rationalité du comportement de nos banques publiques et évidemment de leurs tutelles». Par ailleurs, M. Ighilahriz évoque «l'injonction du politique» dans l'accès aux crédits pour une partie des entreprises privées, dont une partie des crédits est constituée des crédits Ansej, Cnac et Angem. «On ne peut, là aussi en toute objectivité, présenter ces crédits comme s'il s'agissait d'une offre normale de crédit auquel toute entreprise privée peut indifféremment postuler pour peu qu'elle soit bancable. Faut-il être jeune, ou bien chômeur ou bien agriculteur pour accéder au crédit ?», se demande-t-il dans le même document. Pour sa dernière observation, M. Ighilahriz fait savoir que «ces crédits ne sont pas présentés en distinguant les crédits d'investissement et les crédits d'exploitation et parmi ces derniers, les crédits commerciaux». En somme, le directeur du bureau d'études ECOtechnics indique que le problème du financement des entreprises algériennes «dément une bonne partie du discours officiel sur la mise à niveau des entreprises». Selon lui, il serait plutôt judicieux de commencer par «l'amélioration du climat des affaires ou du moins ce qui dépend de l'administration et de son prolongement constitué par les agences gouvernementales ou quelques grandes entreprises publiques».