Une énième assemblée générale des enseignants de l'université de Béjaïa, tenue hier au niveau du campus d'Aboudaou, a débouché sur la décision d'organiser la protestation et de décréter un mouvement de grève pour exiger « la réunion des conditions de travail » au niveau du même campus. La mort tragique d'une ancienne étudiante de l'université et les lourds traumatismes occasionnés à son accompagnatrice qui, dimanche dernier, ont été fauchées brutalement par une voiture alors qu'elles tentaient de rejoindre le campus confortent ainsi l'opinion répandue, selon laquelle le site universitaire reste exposé aux plus grands dangers. La revendication portant sécurisation des lieux, en raison de la proximité de ce redoutable axe autoroutier menant de Béjaïa vers la ville côtière de Tichy, exprimée déjà à l'ouverture de la structure il y a deux ans, puis reconduite énergiquement en novembre 2004 après le décès tragique d'un étudiant, dans des conditions identiques à celles de l'accident meurtrier de dimanche dernier, ne trouve jusqu'à l'heure pas de réponse. Les deux policiers placés en faction sur le tronçon depuis trois mois n'ont en tous cas pas pu prévenir le drame du début de semaine. Le recteur de l'université, Djoudi Merabet, qui revendique le campus comme une réalisation dont doit s'énorgueillir le secteur dans la wilaya, intervenant hier sur les ondes de la radio locale, trouve que l'accident et la douleur légitime des étudiants sont exploités par des cercles hostiles à son administration. Il indiquera également qu'il n'est comptable que de la gestion à l'intérieur du campus. « Personne n'a le monopole du deuil », s'exclamera-t-il, en laissant entendre par ailleurs que l'exigence de son départ formulée par une partie des enseignants n'est que le prolongement de vieux conflits l'opposant notamment à la composante de la section locale du CNES. Les étudiants, pour leur part, déjà confrontés à de lamentables conditions d'hébergement dans les cités, encaissent ce nouveau drame comme un énième épisode de la dégradation de la vie universitaire. La polémique risible entre la direction de l'Entreprise de distribution de l'eau potable (EDEMIA) et la direction de la cité universitaire d'Aâmriw, toutes deux se rejetant la responsabilité de l'intoxication dont ont été victimes les étudiants résidents jeudi dernier, est un exemple de l'aléatoire qui caractérise le séjour dans les résidences. Les grèves à répétition des transporteurs privés appelés à la rescousse moyennant conventions avec les œuvres universitaires, et actuellement l'incertitude concernant le planning des examens qui, théoriquement, auraient dû déjà être entamés puis concernant la suite de l'année universitaire achèvent de démotiver les plus coriaces d'entre eux.