A un enjeu commun aux Etats membres de l'Union européenne - l'impératif de remplacer à moyen terme une population active vieillissante répondent des stratégies différentes d'un pays à l'autre de l'Union. Les pays membres de l'UE (il s'agit principalement des Quinze, les plus concernés) sont obligés, à terme, de revoir à la hausse les seuils d'immigration, d'assouplir leurs politiques pour combler leur déficit en main-d'œuvre, en particulier qualifiée. La Commission européenne a souligné dans un « livre vert » publié le 11 janvier « l'impact du déclin démographique et du vieillissement de la population sur l'économie » de l'UE. Entre 2010 et 2030, celle-ci perdra 20 millions de travailleurs : pour rester compétitive, elle devra revoir à la hausse sa politique d'admission des immigrés. Les Etats européens ne disposent pas d'un cadre réglementaire commun de gestion de l'immigration, chacun considérant que celle-ci relève de sa souveraineté nationale. Une proposition de directive destinée à unifier les conditions d'admission des étrangers venant de pays tiers, proposée en 1999, est bloquée depuis quatre ans. L'Espagne a ouvert le 7 février, et ce jusqu'au 7 mai, une large opération de régularisation qui pourrait concerner au moins 500 000 personnes. Cette régularisation pourrait être l'une des plus massives opérées en Europe, malgré les conditions imposées par les autorités espagnoles : casier judiciaire vierge tant en Espagne que dans le pays d'origine, obtention d'un contrat de travail d'au moins six mois (trois mois dans l'agriculture) et preuve d'installation en Espagne à une date antérieure au 7 août 2004. En 5 ans, le nombre d'étrangers en Espagne s'est multiplié par quatre et 43% d'entre eux, soit quelque 1,5 million, seraient en situation irrégulière. Cinq régularisations ont eu lieu en Italie. La dernière, réalisée en 2003, a permis la régularisation d'environ 690 000 clandestins par le gouvernement de Silvio Berlusconi. La Grande-Bretagne vient de décider l'instauration de quotas pour cibler une immigration qualifiée. La dernière régularisation d'importance en France date de 1997-1998 : 130 000 sans-papiers avaient demandé un titre de séjour, 90 000 l'avaient obtenu.