Finalement, la Marine nationale a réagi au drame, vécu le 7 août dernier par les 24 harraga, ayant coûté la vie au jeune Akram et causé de graves blessures à 18 autres. En effet, une commission d'enquête composée de deux lieutenants-colonels et un capitaine a été dépêchée il y a une dizaine jours à Annaba, ont indiqué Hicham Hamza et plusieurs victimes que nous avons pu joindre hier. Ils ont affirmé avoir été auditionnés pendant de longues heures par les trois responsables sur les circonstances exactes de l'accident. Pour sa part, Hicham a tenu à souligner que les enquêteurs se sont engagés à le convoquer d'ici peu pour donner sa version. « J'ai rencontré un des lieutenants-colonels, il m'a promis de me convoquer parce qu'il devait auditionner au moins une dizaine de personnes. J'attends toujours. Je ne comprends toujours pas pourquoi n'ai-je pas été convoqué au même titre que les autres, d'autant plus que mon frère Akram y a laissé sa vie. Dans le bureau, non loin du siège du Centre territorial de la recherche et de l'investigation (CTRI) où j'ai pu accéder difficilement, j'ai trouvé une dizaine de harraga. Mais aucun d'eux ne faisait partie des 18 blessés », nous a-t-il déclaré. Il demeure déterminé à aller jusqu'au bout pour faire toute la lumière sur les véritables raisons ayant causé la mort de son jeune frère en raison de la remise en cause des résultats de l'autopsie. Les conclusions du certificat établi le 7 août par Abdelhamid Mira, chef du service de médecine légale du CHU Ibn Rochd Annaba, dont nous avons une copie, sont claires. Elles font ressortir que « le décès du nommé Hamza Akram, âgé de 32 ans, est violent ; il est dû à une submersion vitale ». Concernant l'action judiciaire que comptent engager les parents des victimes à l'encontre de la Marine nationale pour homicide volontaire, Hicham et six des harraga ayant subi de sérieuses blessures ayant entraîné une Incapacité totale temporaire (ITT) dont la durée va de 45 à 60 jours, d'après les certificats du médecin légiste, devront attendre les conclusions de l'enquête des forces navales. C'est sur la base de ces conclusions que sera déterminée la compétence du tribunal militaire ou civil dont relèvera l'affaire. « Au terme de plusieurs entretiens que j'ai eus avec lui, le procureur de la République nous a signifié qu'il ne pouvait accepter d'engager une action judiciaire à l'encontre des gardes-côtes de Annaba tant que les résultats de l'enquête des forces navales ne nous aient pas été notifiés », ont indiqué Hicham et les 6 harraga victimes. Pour rappel, avec 20 autres « compagnons de voyage », dans la nuit du 6 au 7 août, ils étaient à bord d'une embarcation artisanale et s'apprêtaient à rejoindre l'île de la Sardaigne lorsqu'ils furent interceptés par les garde-côtes à 0h45, à 4 miles marins au nord de Ras El Hamra. Selon les témoignages sitôt recueillis auprès des rescapés, l'accident aurait été volontairement provoqué. Leur embarcation aurait été délibérément et frontalement percutée par la plus grande des trois unités semi-rigides, ne cessaient-ils de répéter. Une version qu'avait démentie et dément toujours Abdelazziz Zaïdi, chef de la station maritime principale des garde-côtes de Annaba.