Très attendu, le procès de l'affaire de 210 tonnes de thon rouge dans laquelle sont inculpés 6 armateurs turcs et un algérien ainsi que le SG du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques (MPRH) et le directeur central des pêches maritimes et océaniques (DPMO) a été ajourné, hier, par le magistrat près le tribunal de Annaba pour le mercredi 7 octobre et pour lequel une audience spéciale sera consacrée. Un procès peu commun de par la qualité des personnes impliquées et celles présentes dont l'ambassadeur de Turquie, Ahmet Necati Bigali. Que signifie la présence du diplomate turc pour assister à une affaire pénale dans laquelle sont impliqués ses ressortissants ? Cela équivaut-il à une volonté d'accorder une protection diplomatique à ses ressortissants incriminés ? se sont interrogés, hier, des avocats présents à l'audience. Tout a commencé en juin 2009 lorsque les garde-côtes avaient intercepté au large des côtes d'El Kala (El Tarf), en rade, Akuadem 2, Certer Ahmet 1 et Abdi Baba 3, trois navires turcs dont le dernier remorquait une cage contenant 210 tonnes de thon rouge vivant, avec l'équipage à bord. Ils ont été arraisonnés le 12 juin 2009 au port de Annaba et la justice saisie. Eclaté, le scandale a fait réagir plus d'un dont Necati Bigali qui avait réclamé la libération des bateaux turcs arraisonnés au port de Annaba depuis le 12 juin 2009. Au lendemain, c'est l'armateur M.Sadoun du thonier El Djazaïr, l'auteur de la vente aux Turcs de « la cargaison du thon » qui sera appréhendé au port de Bousmaïl de Tipaza avec son engin maritime. Criant au scandale, il avait déclaré avoir agi sur autorisation de F-Boudamous, le SG du MPRH. Il avait même fait porter le chapeau à M. Allam, le DPMO, en l'accusant ouvertement d'être l'auteur du scandale. Ce qui lui avait valu son poste dans des conditions aussi douteuses qu'incompréhensibles. Quant aux Turcs, ils avaient déclaré être en possession de plusieurs tonnes de thon rouge vivant. Or, grande fut la surprise du procureur près le tribunal de Annaba et sa commission lorsqu'ils avaient relevé l'absence de thon dans les cages. Mais où sont passées les 210 t déclarées ? « Elles se sont échappées », avaient répondu les mis en cause. Peu plausible, selon les connaisseurs, à moins qu'on les ait aidés à s'évader dans d'autres cages pour faire disparaître la pièce maîtresse du délit. Pourquoi avoir déclaré, alors, la quantité de 210 t ? L'interrogation est justifiée si l'on se fie à la lettre de Akua Kocaman du 15 juin 2009 signée par Hassan Serefoglu, le patron de Akua-Dem 2, et adressée aux garde-côtes, dont nous détenons une copie en anglais, lorsqu'il déclare : « Abdi Baba 3 remorque une cage pleine de thon vivant pêché par un armateur algérien et transféré dans notre cage. Notre bateau arrivera au port de Annaba demain soir. » Sans préciser la quantité charriée, l'armateur turc s'est limitée à indiquer l'importante dimension de sa cage d'un diamètre de 50 mètres et d'une profondeur de 30 m. Un volume qui peut contenir, selon les spécialistes, plus de 210 tonnes. En attendant que l'écheveau de ce dossier soit démêlé à partir du 7 octobre à la faveur d'une audience spéciale, le département de Smaïl Mimoune vient de se constituer partie civile.