L'ancien dirigeant de la Wilaya IV historique et membre fondateur du plus vieux parti de l'opposition, le Front des forces socialistes (FFS), Lakhdar Bouregaâ, a animé, hier, une conférence-débat au théâtre communal Salah Saâdaoui de Bouira, dans le cadre des activités commémoratives du 50e anniversaire de la création du FFS. Durant deux heures, les militants du parti ont écouté les témoignages de cet ancien militant sur les facteurs et les conditions de la création du FFS. D'emblée, le conférencier a rappelé aux présents, dont certains étaient venus des wilayas de Sétif et Boumerdès, les dates ayant marqué le parcours de ce parti, les conditions et circonstances de sa fondation, les raisons ayant poussé les militants à prendre les armes en 1963 contre le régime de l'époque de Ben Bella et jusqu'à la situation actuelle du pays. Pour Lakhdar Bouregaâ, la période de création du FFS est considérée comme étant une partie de la Révolution. L'ancien commandant militaire de la Wilaya IV a déclaré : «Nous avons arraché l'indépendance à un ennemi solide», avant d'expliquer aux présents les différentes parties ayant poussé les militants de 1963 à prendre le chemin des maquis. «Nous avons fait la Révolution et arraché l'indépendance de l'Algérie, et ce, pour faire bénéficier le peuple algérien des richesses de son pays, mais la volonté du régime de l'époque nous a poussé à prendre les armes, mais non pas pour combattre les soldats de notre pays ni les gendarmes.» Selon l'ancien commandant de la Wilaya IV, «notre stratégie était de sensibiliser le peuple et de faire passer le message». Bouregaâ a regretté les manœuvres du régime qui, selon lui, était responsable des massacres enregistrés. Il a cité le cas d'une embuscade perpétrée à Djemaâ n'Saharidj, dans la wilaya de Tizi Ouzou. «C'est le colonel Boumediène qui a engagé Zerguini. Ce dernier a tout planifié. Hocine Aït Ahmed nous avait donné, au départ, l'instruction de ne pas tirer sur les gendarmes ni sur notre armée.» Il a expliqué aux présents que ce dernier a cédé et a répondu à l'appel lancé par Ben Bella concernant le dossier du Sahara. «Je me souviens très bien de cette entrevue entre Hocine Aït Ahmed et Ben Bella. Ce dernier avait dit à Hocine : ‘‘Je n'ai jamais pensé qu'un jour Aït Ahmed prendrait les armes contre moi''. Et à Aït Ahmed de répliquer : ‘‘Je n'ai jamais pensé qu'un jour Ahmed mettrait en prison Mohamed Boudiaf.''» Le fondateur du FFS a développé, au cours de cette conférence, d'autres points concernant le combat politique de son parti, dont il a salué la résistance de ses militants. Evaluant la situation actuelle du pays, Lakhdar Bouregaâ a évoqué la corruption qui gangrène les institutions du pays. Pour lui, la corruption s'est démocratisée ces dix dernières années : «La corruption était centralisée sous le règne de Boumediène, décentralisée sous le règne de Chadli et maintenant, elle est démocratisée.» Des cadeaux ont été remis à M. Bouregaâ par les membres de la fédération de Bouira à la fin de la conférence.