Les habitants des quartiers populaires et déshérités de la ville de Blida ont « suspendu » le temps des revendications sociales et oublié les misères du quotidien pour se vouer à un seul but : fêter la victoire des Verts au Soudan. Ben Achour, un méga quartier de plus de 20 000 habitants vit depuis la rencontre du Soudan à ce jour au rythme des fêtes où la misère quotidienne n'est qu'un petit détail. Sur les façades des boutiques, des maisons, rien n'altère les drapeaux aux couleurs nationales qui ont garni ces derniers jours les grandes artères, les petites rues et les impasses de Ben Achour, faisant oublier à ses habitants la malvie à laquelle ils font face au quotidien. Les fenêtres des maisons sont aussi pavoisées et résonnent du triptyque phonétique : « one, two, three, viva l'Algérie ». Beaucoup de jeunes des quartiers ont cotisé, raclé, pour certains d'entre eux, leurs fonds de tiroirs , pour acquérir un drapeau, plus long, plus large que celui de la ruelle voisine, de l'impasse d'à-côté ou même celui accroché au seuil du quartier. Quelque part, sur un guidon, un volant, à l'avant, à l'arrière, les transports en commun, les petits véhicules des particuliers, les mobylettes, bicyclettes et « pétarocyclettes », sont tous parés d'un symbole, d'un bout d'étoffe qui illustre les couleurs nationales . Ben Achour, où la misère bat son plein , en raison du manque de commodités les plus élémentaires a momentanément oublié, avec ses 20 000 habitants « branchés foot », l'espace de ces quelques jours, ses déboires. Bien que de tout temps qualifié de quartier frondeur,ses habitants insistent pour clamer « quand c'est nécessaire, nous ne ratons pas le coche pour exprimer notre nationalisme ».