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Une identité sur un radeau
Publié dans El Watan le 05 - 12 - 2009

Tous les exils ne se ressemblent pas forcément. Bien au contraire, ils sont parfois l'occasion de se démarquer de tout ce qui est cher au déraciné lui-même, volontaire fut-il, ou forcé à l'expatriation. Le grand romancier, Joseph Conrad (1857-1924), aurait pu être un écrivain de langue française puisqu'en quittant, à l'âge de dix-sept ans son pays, la Pologne, il s'installa tout d'abord à Marseille où il inaugura sa carrière maritime avant d'élire domicile en Angleterre quelques années plus tard.
Le Palestinien Edward Saïd (1935-2003), grand spécialiste de Conrad, aurait pu lui aussi s'installer définitivement au Caire en 1948 et ne pas renier sa langue première, la langue arabe. Les biographes de Conrad disent que celui-ci connaissait quatre langues alors qu'Edward Saïd en maîtrisait sept. En fait, les deux étaient à la recherche d'une identité qui leur semblait lointaine, mais qu'ils s'estimaient en mesure de forger au fil du temps et de l'exercice. Et les deux ont superbement réussi en devenant, selon l'avis des lecteurs comme des spécialistes, les artisans d'une nouvelle stylistique anglaise. Cependant, en quittant sa Pologne natale, Conrad ne prit pas dans sa gibecière une poignée de terre comme l'avait fait avant lui son concitoyen Frederik Chopin. Il ne tint même pas un langage de frustré ou de dépaysé. Pourtant, ses parents furent déportés en Sibérie pour patriotisme exacerbé comme chef d'accusation.
D'où vient cet intérêt de la part d'Edward Saïd pour l'œuvre de Conrad ? L'exil linguistique, en d'autres termes la langue anglaise, peut-il se renverser et réunir les extrêmes ? Un déraciné, voire un apatride, ne va tout de même pas chercher consolation auprès d'un autre qui a coupé les ponts avec sa patrie d'origine, comme c'est le cas de Conrad. Saïd ne semble pas avoir mentionné cette faille dans l'œuvre de son maître à penser. Et dire que celui-ci était, dans tous ses écrits, à l'affût des lieux de révolte et des points chauds du globe : l'extrême Asie dans Lord Jim ; la jungle africaine avec Dans le cœur des ténèbres ; les côtes de l'Amérique latine dans Le Nègre du Narcisse et autres romans et nouvelles.
Les biographes de Conrad ne s'attardent pas sur ce chapitre et Edward Saïd lui-même porte tout son intérêt sur le côté linguistique dans l'œuvre de Conrad. On aurait aimé lire quelque chose de Conrad qui eût trait directement à sa Pologne natale. Or, cet écrivain qui fit route bravement vers la langue anglaise et se fit naturaliser Britannique au moment où son peuple subissait la botte tsariste, laissant derrière lui une large zone d'ombre qui mériterait de faire l'objet d'études poussées et de nouvelles biographies approfondies. C'est ce qui amène à penser que l'intérêt porté par Edward Saïd à ce grand romancier est d'ordre linguistique au premier chef. En exil, Conrad évoluait dans le même monde, l'Europe, tandis que Saïd aux Etats-Unis et donc bien éloigné de sa Palestine, de surcroît spoliée, s'est toujours considéré comme réfugié et ce, jusqu'à la dernière minute de sa vie.
Et par définition, le réfugié étant un être sans terre ni lieu, la nécessité pour lui de se forger une identité, c'est-à-dire une langue et un chez-soi, s'impose avec force. On a beau connaître ses classiques, il demeure toujours quelque chose de flou çà et là. La preuve est que Conrad, bien qu'éloigné de sa patrie, est resté un Européen alors qu'Edward Saïd, n'a jamais, dans l'esprit de ses adversaires occidentaux, quitté son radeau de fortune et ne risquerait pas de le faire un jour.


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