La mort du docteur Lilia R., chef du service réanimation au CHU Saâdna Abdenour, hante encore les esprits. La disparition de la praticienne est fortement ressentie par le personnel du CHU, où l'ambiance est morose. Les professionnels de la santé ainsi que l'opinion publique attendent, sur des charbons ardents, les résultats de l'autopsie exigée par le procureur de la République près le tribunal de Sétif : « L'hypothèse est là. On ne peut ni affirmer ni infirmer. Il faut tout simplement attendre les conclusions de l'autopsie en mesure de déterminer les causes exactes du décès, provoqué par une hémorragie, un infarctus, une embolie ou pourrait être un effet secondaire du vaccin. Tant que les résultats des analyses ne sont pas connus, aucune piste n'est à écarter », dira, sous le sceau de l'anonymat, un hospitalo-universitaire qui ne s'est pas fait vacciner. Tout comme la majorité des personnels du CHU, employant plus de 1500 personnes. Selon certaines indiscrétions, uniquement 13 fonctionnaires de la santé, dont un paramédical, ont fait le vaccin à l'hôpital Saâdna Abdenour, déserté, nous dit-on, depuis le décès du médecin anesthésiste. Pour, sans nul doute, avoir de plus amples informations à propos de cette mort suspecte, le ministère de la Santé a dépêché, samedi, une commission. Aucune information n'a été donnée à propos de la mission de cette équipe, qui a débarqué de nuit pour éviter toute indiscrétion ou curiosité. Profitant de l'opportunité, les missionnaires se sont déplacés au domicile de la défunte, qui laisse deux petits orphelins, pour présenter leurs condoléances à sa famille. Il faut signaler que la mort du médecin alimente la rumeur. Le manque de communication des responsables de la santé de la deuxième wilaya du pays a, le moins que l'on puisse dire, amplifié les craintes des citoyens et des professionnels de la santé, qui s'interrogent. « Devant le silence des responsables qui n'ont pas daigné pondre un communiqué pour donner les premières informations sur les circonstances de la mort de cette spécialiste qui nous afflige tous, comment voulez-vous que les gens aillent se vacciner ? », diront des citoyens rencontrés hier au niveau du service des urgences du CHU où les langues de certains professionnels commencent à se délier : « Cette cacophonie ne plaide pas en faveur du vaccin, boycotté par le personnel, qui n'a plus confiance. Pour constater par vous-mêmes que l'opération est un fiasco, faites un tour du côté du centre de vaccination », diront des paramédicaux et médecins du plus grand hôpital des Hauts-Plateaux sétifiens où uniquement 200 personnes, sur un effectif de 11 000 agents, ont été, nous dit-on, vaccinés…