Il reste que nous n'avons ni le droit ni le pouvoir d'empêcher une personne d'observer une grève de la faim en prison, ni de s'ingérer dans les décisions de la justice.» C'est par ces propos que le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Tayeb Louh, s'est défendu en dégageant toute responsabilité du pouvoir dans le décès de Mohamed Tamalt qui purgeait une peine de deux ans pour, notamment, «offense au chef de l'Etat». Pour Tayeb Louh, le communiqué diffusé par l'administration pénitentiaire le jour même du décès de Mohamed Tamalt visait à faire taire toutes les interprétations, les tentatives d'exploitation ou manipulation de cette affaire. «Le décès du journaliste Tamalt a été traité avec une transparence totale. Pour qu'il n'y ait pas de confusion, l'administration pénitentiaire a diffusé, selon la procédure judiciaire habituelle, un communiqué très clair relatant toutes les étapes depuis la condamnation, passant par la prise en charge médicale du défunt, jusqu'à sa mort», tient à rassurer le garde des Sceaux. Demeurant sur la défensive, M. Louh explique que l'affaire s'est déroulée conformément à la loi et s'est malheureusement terminée par le décès du journaliste. Il est revenu longuement sur le communiqué de l'administration pénitentiaire qui relate les faits depuis l'entame de la grève de la faim jusqu'au jour de la prise en charge du défunt par l'équipe médicale spécialisée. Selon le ministre, l'équipe médicale chargée de suivre l'état de santé de Tamalt à l'hôpital Lamine Debaghine (Maillot) a été à la hauteur et n'a lésiné sur aucun moyen pour la prise en charge de Tamalt. Lors de son hospitalisation, sa famille a pu suivre son état de santé et la prise en charge médicale qui lui a été réservée. Désormais, explique le garde des Sceaux, l'affaire relève du domaine médical. «Une autopsie a été ordonnée par le procureur de la République. Dans tous les cas, un communiqué sera rendu public, comme prévu par la loi, pour révéler les résultats de l'autopsie», affirme le ministre de la Justice. Invité à se prononcer sur les accusations portées par le défunt contre la justice qui a été injuste à son égard, M. Louh a martelé que «le ministre ne s'ingère pas dans les affaires judiciaires». «Le défunt a été condamné selon la loi et nous n'avons pas à remettre en cause les décisions de justice, ceci n'est pas propre à l'Algérie.» Concernant la plainte déposée par le frère du défunt sur les traces de violence constatées sur le corps de Tamalt, M. Louh rassure que celle-ci est prise en charge par le procureur de la République compétent. Notons que le décès de Mohamed Tamalt a suscité des réactions de plusieurs partis politiques et organisations internationales. Le FFS, Jil Jadid, le PLJ estiment que la fin dramatique de Mohamed Tamalt suscite une inquiétude légitime quant à l'avenir de la liberté d'expression et d'opinion en Algérie. Saïd Sadi, ex-président du RCD, note que la mort d'un journaliste en prison est toujours un funeste présage. Pour lui, le délit dont est accusé le défunt est aussi ubuesque que suranné en 2016. Des ONG, telles qu'Amnesty International, ont demandé qu'une commission d'enquête indépendante soit immédiatement diligentée pour déterminer les circonstances de la mort de Mohamed Tamalt.