«Des mouvements de troupes ont commencé en différents endroits du pays et vont continuer dans les semaines à venir», a déclaré F. Madeira. «C'est un processus de réalignement pour mettre en œuvre la réduction des effectifs et aussi commencer à confier la responsabilité de la sécurité nationale aux forces de sécurité somaliennes», a-t-il expliqué. L'Amisom a été déployée en 2007 pour soutenir le fragile gouvernement central somalien contre les islamistes shebab. En 2016, l'Union africaine (UA) a annoncé qu'elle prévoyait de retirer l'ensemble des troupes de l'Amisom de Somalie d'ici fin 2020, pour transférer toutes ses prérogatives sécuritaires à l'armée somalienne. Le début de ce retrait n'est alors pas envisagé avant octobre 2018. L'Armée nationale somalienne (SNA), mal équipée et désorganisée, n'a pour l'instant pas fait la preuve de sa capacité à assurer la paix. «Les forces (somaliennes) ont besoin d'urgence d'être équipées avec les armes nécessaires, d'un soutien logistique-clé incluant le paiement dans les temps des soldes, d'une aide médicale de qualité et de l'établissement d'infrastructures-clés, dont des casernes et des centres d'entraînement», a observé F. Madeira. Les shebab, affiliés à Al Qaîda, ont été chassés de Mogadiscio en août 2011 et ont ensuite perdu l'essentiel de leurs bastions. Mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d'où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicide, souvent jusque dans la capitale Mogadiscio, et contre des bases militaires, somaliennes et étrangères. Aussi, les Etats-Unis ont mené, ces dernières années, des opérations militaires en Somalie : attaques de drones et opérations commando contre les shebab, tuant en septembre 2014 leur chef, Ahmed Abdi Godane. Dislocation malgré les interventions étrangères Situé dans la Corne de l'Afrique, indépendant depuis 1960, le pays était un condominium italo-britannique. L'Etat somalien a été créé de la fusion des colonies italienne appelée Somalia (Sud) et britannique au Nord, le Somaliland. Au pouvoir depuis 1969, le dictateur Syad Barre chute en janvier 1991 et laisse le champ libre aux clans, comme les Issas et les Haweye liés uniquement par leur hostilité au pouvoir central. La même année, le Somaliland proclame son indépendance. A l'initiative des Etats-Unis, est lancée, à Mogadiscio en 1992, l'opération militaire «Restore Hope» (rendre l'espoir) qui se solde par un échec. D'où le retrait, en 1995, des troupes engagées par Washington et des contingents de l'Opération des Nations unies en Somalie (Onusom). En 1998, le Puntland, dans le nord-est du pays, déclare son autonomie de Mogadiscio. Suit le Jubaland, zone frontalière du Kenya et de l'Ethiopie. Mis sur pied en 2004, le gouvernement fédéral transitoire (GFT) n'arrive pas à rétablir la stabilité dans le Sud et, de surcroît, il est confronté à l'insurrection des shebab. Entre 2004 et 2006, ce groupe se rapproche de l'Union des tribunaux islamiques (UTI). Après l'intervention éthiopienne contre l'UTI, en décembre 2006, les shebab deviennent un véritable organisation ayant une idéologie et une organisation propres et le groupe insurrectionnel dominant du pays. Leur objectif est alors d'amener les troupes étrangères à se retirer de la Somalie, de renverser le GFT et d'imposer un régime islamiste régi par la charia. S'ils sont affaiblis à cause des interventions des troupes éthiopiennes et kenyanes, leurs capacités de nuisance demeurent inquiétantes. L'échec de l'assaut conduit par la France, dans la nuit du 11 au 12 janvier 2013, contre une cellule des shebab retenant en otage un agent français de la DGSE, démontre que ces groupes sont loin d'être maîtrisés et peuvent même agir dans les pays voisins. Exemples de leurs opérations, le 11 juillet 2010, des attentats à la bombe frappent la capitale ougandaise, Kampala, faisant 76 morts. Les 21 et 24 septembre 2013, des éléments shebab prennent en otages des clients du centre commercial Westgate de Nairobi, causant la mort de dizaines de personnes. Et cela en représailles de l'intervention des forces kenyanes en octobre 2011 en Somalie. Et début avril 2015, une attaque menée par les shebab contre l'université de Garissa, au nord-est du Kenya, a fait 148 morts, dont 142 étudiants.