C'est la politique du président Sarkozy qui est désavouée par le vote des Français aux élections régionales des 14 et 21 mars. Paris. De notre bureau Le plus dur est encore à venir, tant pour la gauche qui a la victoire sobre avec 54,05 % de voix au niveau national, que pour la majorité présidentielle qui ne peut que prendre acte de sa retentissante défaite avec 35,37 % des voix. Le deuxième tour des élections régionales de dimanche a confirmé les résultats du 14 mars : une France en rose, à l'exception de l'Alsace, seule région métropolitaine dirigée par la droite, à laquelle s'ajoutent, outre-mer, la Guyane grâce à un transfuge de la gauche, et La Réunion. Tout reste à faire pour la gauche si elle veut confirmer sa popularité à la présidentielle de 2012 : construire son rassemblement d'abord et proposer un projet d'alternance à la droite au pouvoir. Au fait de ce défi, la première secrétaire du PS, Martine Aubry, a promis que le PS répondrait aux Français qui sont « en attente d'une gauche de projet ». Outre la rédaction de son projet présidentiel et l'organisation de primaires, qui risquent de raviver la guerre entre présidentiables, les socialistes se considèrent comme le moteur de la « gauche solidaire » née au second tour. « Ces élections régionales ont mis le joli mot d'union au cœur de la gauche », qui se présentait rassemblée dans 20 régions sur 22 en métropole, s'est félicitée Martine Aubry. « Ce vote est pour la gauche un encouragement mais aussi une exigence ». Daniel Cohn-Bendit, leader des Verts, a proposé aux écologistes d'inventer « ensemble une coopérative politique » pour 2012, soulignant que « Verts, socialistes, Cap 21, communistes » et d'autres peuvent être « partie prenante de cette dynamique collective ». C'est « un peu tôt », a répliqué Martine Aubry, en jugeant que « cette question s'adresse surtout aux Verts ». C'est dire que la construction d'un rassemblement de gauche dans la durée ne sera pas aisée. Pour sa part, le président Sarkozy dont la politique a essuyé un cuisant revers semble exclure pour l'instant tout changement de cap dans les réformes, si ce n'est de procéder à un recadrage sur des dossiers prioritaires comme celui des retraites. « Les Français n'ont pas dit non aux réformes », a répété hier matin le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand. Selon un sondage CSA pour Le Parisien, un tiers des Français voudrait que le chef de l'Etat « ralentisse le rythme des réformes », et une majorité (54%) qu'il adopte « un style plus présidentiel ». Selon un autre sondage de TNS-Sofres Logica, diffusé par France 2, 71% des Français souhaitent un changement de politique. S'il a reconduit François Fillon dans ses fonctions de Premier ministre, plusieurs ministres quittent le gouvernement ou changent de portefeuille, de nouveaux entrants sont annoncés, comme le Chiraquien François Baroin, ou le Villepéniste George Tron, proche de l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, qui devrait annoncer jeudi la création d'un « Mouvement au service des Français », a annoncé, dès dimanche soir, son entourage. L'actuel ministre du Budget, Eric Woerth, devrait remplacer le ministre du Travail, Xavier Darcos, afin de mener la mission à haut risque que constitue la réforme des retraites. Dans l'éventualité où Eric Woerth passerait de Bercy au ministère du Travail, François Baroin, qui est resté une heure à l'Elysée, le remplacerait au Budget, dit-on de source gouvernementale. Il est à préciser que le Front national fait un retour spectaculaire dans le paysage politique. Le FN, qui a obtenu près de 10 % des suffrages, a enregistré un score de 17,8% des voix dans douze régions. Le taux d'abstention final pour ce second tour a été de 48,81%, remontant de quatre points par rapport au 14 mars.