La haut-commissaire de l'Organisation des Nations unies (ONU) aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a appelé hier les autorités égyptiennes à «changer radicalement» d'approche face aux manifestations, selon des médias citant un communiqué de l'agence onusienne en question. Elle demande ainsi la libération «immédiate» des personnes détenues pour avoir exercé leur droit à manifester. Dans un communiqué, Mme Bachelet a exhorté «les autorités à changer radicalement leur approche à l'égard de toute manifestation future, y compris celles qui pourraient avoir lieu aujourd'hui». Et d'ajouter : «Je rappelle au gouvernement égyptien qu'en vertu du droit international, les gens ont le droit de manifester pacifiquement.» Les premières manifestations le 20 septembre ont créé la surprise dans un pays où l'opposition a été sévèrement réprimée depuis la mise à l'écart, en 2013, du président islamiste Mohamed Morsi, renversé par Abdelfattah Al Sissi, alors chef de l'armée. En réaction, les autorités ont procédé à l'arrestation d'environ 2000 personnes, dont des journalistes, des intellectuels et des militants politiques, selon Human Rights Watch et des organisations non gouvernementales (ONG) locales de défense des droits humains. Un certain nombre d'entre eux ont été libérés depuis, selon l'Onu. Mais «toutes les personnes arrêtées et détenues uniquement pour avoir exercé leurs droits doivent être libérées immédiatement», a réclamé Mme Bachelet. «Toute réponse des forces de sécurité devrait être conforme aux normes et règles internationales concernant les droits à la liberté d'expression et de réunion pacifique, ainsi que le droit à un procès équitable», a-t-elle indiqué. Selon le Haut-Commissariat, certaines des personnes détenues ont été privées d'avocat à leurs côtés lors de leur comparution devant le procureur. D'autres ont été accusées d'infractions graves, comme «aide apportée à un groupe terroriste», «diffusion de fausses nouvelles» ou «participation à des manifestations non autorisées» et «utilisation abusive des médias sociaux», selon l'ONU. C'est une série de vidéos postées début septembre sur Facebook par un entrepreneur égyptien en exil, Mohamed Aly, qui a poussé des centaines de personnes à manifester les 20 et 21 septembre aux cris de «Sissi dégage», avant d'être dispersées à coups de gaz lacrymogènes. Dans ces vidéos partagées des millions de fois sur internet, Mohamed Aly a accusé de corruption Al Sissi, qui a démenti, et a appelé à manifester.