L'impact du crédit documentaire (crédoc) introduit dans la loi de finances complémentaire 2009 (LFC) a atteint les entreprises publiques économiques. Après les mécontentements des entreprises privées, c'est au tour de la compagnie aérienne, Air Algérie, de subir les conséquences de cette disposition que son président-directeur général, Abdelwahid Bouabdallah, qualifie de « véritable catastrophe ». En effet, son application a causé des désagréments énormes à Air Algérie en matière d'acquisition des pièces de rechange afin de réparer les pannes à temps et de permettre à la compagnie d'honorer ses engagements vis-à-vis de ses clients. « Avec les nouvelles dispositions de la LFC 2009, on ne peut pas faire de dépôt de garantie ni payer d'avance. Il faut un dossier technique pour avoir l'avion souhaité. Mais dès qu'il y a suspicion, tout tombe à l'eau », a expliqué Abdelwahid Bouabdallah lors de son passage, hier, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Après les entraves causées par le crédoc, le PDG d'Air Algérie insiste également sur les problèmes d'ordre interne visant la remise en cause de la procédure d'affrètement des avions. « Nous n'avons pas pu affréter ni acheter des pièces de rechange à temps », souligne-t-il. « La procédure de l'affrètement d'avion a été remise en cause cette année par des gens qui veulent du mal à Air Algérie », lance-t-il, sans être plus explicite. Par ailleurs, le premier responsable d'Air Algérie reconnaît que « c'est compliqué de gérer une entreprise publique actuellement ». « J'ai le regret de le dire, mais il y a la suspicion partout », déplore-t-il. Mettant en garde les auteurs des lettres anonymes, le PDG de la compagnie nationale assure qu'il ne laissera pas « les écrivains spécialistes en lettres anonymes détruire Air Algérie ». Evoquant l'opération d'affrètement à laquelle la compagnie a eu à recourir, il relève les difficultés. « La procédure d'affrètement est très compliquée. Il faut une autorisation préalable de la direction de l'aviation civile. Celle-ci est venue tardivement. Ensuite, les candidats affréteurs ne sont pas légion », déclare-t-il. Ces lenteurs ont causé, selon lui, des retards dans l'acquisition d'avions supplémentaires en cette période d'été connue pour l'afflux des passagers. Le recours à l'affrètement est, ajoute-t-il, une nécessité pour gérer ce genre de situation, tout en évitant de laisser l'appareil sur le tarmac pendant les périodes creuses. « Un avion coûte très cher. Il est préférable donc d'affréter », soutient encore Abdelwahid Bouabdallah, en s'appuyant sur l'expérience d'Air France dans la gestion de ce genre d'opération. « Air France possède un tiers de ses avions, les autres appareils sont en affrètement ou en leasing », explique-t-il, déplorant le fait de remettre en cause l'affrètement des avions. « Chez nous, des gens qui veulent du mal à Air Algérie veulent remettre en cause l'affrètement alors que la compagnie nationale le fait depuis sa création », rétorque-t-il. Au sujet de la conformité d'Air Algérie aux normes de sécurité européennes, M. Bouabdallah rassure que les problèmes relevés sont mineurs. Toutefois, il n'a pas exclu le risque de l'interdiction du vol d'un avion ou de la totalité de la flotte d'Air Algérie dans le cas où le personnel n'est pas conscient par rapport à cela. « Nous avons engagé des opérations très importantes, mais j'ai besoin de la coopération des pilotes, des mécaniciens et du personnels de bord », conclut-il.