Le procès de Karim Tabbou concernant sa première affaire d'«atteinte au moral de l'armée» ne s'est finalement pas tenu, aujourd'hui, au tribunal de Koléa. Il a été renvoyé au 27 avril. Selon Me Mustapha Bouchachi, contacté par nos soins, les raisons de ce renvoi sont liées à la décision prise par le ministère de la Justice de ne plus faire sortir les prisonniers pour les juger à cause de l'épidémie dd coronavirus. Me Bouchachi assure également que ce renvoi est dû en partie à l'absence de certains avocats de la défense qui sont installés à l'intérieur du pays et qui, en raison des mesures sanitaires particulières, ne peuvent pas faire le déplacement jusqu'à Koléa. Le renvoi a été décidé de manière automatique et Karim Tabbou n'a pas été ramené au tribunal. Me Bouchachi, qui dit lui avoir rendu visite à la prison hier, assure que Karim Tabbou «se porte mieux» après avoir eu une hémiplégie lors de son procès en appel, le 24 mars, qui s'est déroulé sans sa présence et qui a scandalisé le collectif de sa défense. Le procès renvoyé hier concerne donc sa première arrestation du 11 septembre 2019, suite notamment à ses propos critiques à propos des interventions du chef d'état-major de l'ANP de l'époque sur la crise politique que traversait le pays. Après deux demandes de remise en liberté provisoire, Karim Tabbou a fini par être libéré le 25 septembre et mis sous contrôle judiciaire. Une remise en liberté de très courte durée, puisqu'elle n'a pas dépassé les 24 heures. En effet, le lendemain matin, à savoir le 26 septembre, Karim Tabbou a été de nouveau arrêté. Il a ensuite été présenté devant le procureur du tribunal de Sidi M'hamed et mis à nouveau sous mandat de dépôt pour une autre affaire, celle pour laquelle il a été jugé et condamné le 4 mars en première instance à un an de prison dont six mois avec sursis. Une peine prison ferme qui a été doublée dans un procès en appel, le 24 mars, qui a été vivement dénoncé par son collectif de défense, notamment pour avoir été maintenu malgré l'absence de l'accusé qui se trouvait en soins à l'infirmerie de la cour suite à un malaise. Dans une déclaration rendue publique après sa condamnation en appel, la famille de Karim Tabbou a dénoncé «un procès arbitraire et inique» et «un acharnement judiciaire». «Les avocats ont démontré que le dossier était vide et qu'en réalité, Karim est poursuivi pour ses opinions politiques. Ce que Karim a affirmé lors de son procès du 4 mars : « Je rejette en bloc comme dans le détail les accusations qui sont portées contre moi, car c'est l'homme politique qui est visé »», a affirmé sa famille, qui a demandé «l'ouverture d'une enquête qui sera supervisée par des organes indépendants afin de faire toute la lumière sur ceux qui sont derrière ce traitement inhumain et cruel que subit» leur fils.