L'écrivain algérien, Djillali Khellas, aussi à l'aise dans la langue d'El Moutanabi que celle de Molière, vient de publier un nouveau roman poignant en langue arabe intitulé Aradjoul aladi yaktoub ala rahatihi, (L'homme qui écrivait sur sa main) chez Casbah Editions. Djillali Khellas, l'auteur algérien qu'on ne présente plus, après la trilogie successive intitulée Zaman El Ghirbane (Le temps des corbeaux), Leilat El Katala (La nuit des assassins) et Horath El Bahr (Les laboureurs de la mer), sort un nouveau roman Aradjoul aladi yaktoub ala rahatihi (L'Homme qui écrivait sur sa main). C'est tout frais tout chaud, cela vient de paraître, toujours chez son fidèle éditeur Casbah Editions. Une preuve que Djillali Khelllas reste toujours prolixe. Cet auteur, à 69 ans, demeure animé par une passion quotidienne d'écrire et décrire. La littérature, l'écriture, l'affection et l'intensité des mots font partie de son quotidien et ce, littéralement. Djillali Khellas dément la gérontologie. Au contraire, il écrit toujours, comme l'indique le titre de son nouvel ouvrage, L'Homme qui écrivait sur sa main. Toujours le cœur sur la main, généreusement. Générateur et productif. Toujours faisant bouger les lignes... de la main courant(e) de sa plume. Avec le roman Arajoul Aladi Yaktoub Ala Rahatihi (L'Homme qui écrivait sur sa main), Djillali Khellas passe à une écriture précise, concise, châtiée révélant encore un ressort qui ne cesse de s'affiner avec un style percutant, fluide, limpide et – il faut le souligner- indépendant et incisif. D'ailleurs, méticuleux, il reverra et corrigera son nouveau roman... cinq fois. Il recherchait la précision. Et cela, sans omettre la poétique tout à fait particulière à la narration du style propre à Djillali Khellas. Il maîtrise à merveille la rhétorique et la prosodie Lisez ceci : «Djillali Khellas est considéré comme l'un des plus importants romanciers algériens. Son écriture romanesque se distingue chez lui à travers un cachet expérimental et ce, de par une immense aptitude renouvelant et se renouvelant d'un texte à un autre. S'inspirant du patrimoine du récit narratif arabe et maîtrisant à merveille avec la rhétorique et la prosodie langagière. Et ce, sans sur commande ni exigence du marché. Convaincu par la liberté de création et l'écriture instinctive... ». C'est la présentation faite par le dictionnaire de littérature arabe contemporaine paru aux éditions Dar Echrrouk basée au Caire (Egypte). Etayé et salué par le docteur Abdel Djacem Al Saâdi (Irak) : «Djilali Khellas est l'un des rares écrivains ayant une compréhension sincère, intègre et sans a priori, le sens de l'humain et l'humanité en ces temps versatiles et changeants. Ses romans se distinguent par une beauté magnifique... ». Le sujet est nouveau A propos du roman Aradjoul Aladi Yaktoub Ala Rahatihi (L'Homme qui écrivait sur sa main), Djillali Khellas nous confie : «L'idée de L'Homme qui écrivait sur sa main date d'il y a environ deux ans. C'est un roman que j'ai bien maîtrisé... Il est plein de suspense, d'action et d'analyse de l'acte de vengeance et des victimes de la dépression, lors de la décennie noire, les années 1990, ce qu'on appelle les laissés-pour-compte...Une frange de la société algérienne, endoctrinée par les terroristes du GIA et de l'AIS, ont ignoré ces malheureuses victimes rejetées par tout le monde. Selon les psychiatres des hôpitaux publics, ils sont trois millions dans les rues, délaissées par leurs familles. C'est-à-dire, par leurs enfants et leurs femmes, parfois même par leurs pères et mères ... Le sujet est nouveau ...». Djllali Khellas a choisi un sujet que les auteurs algériens n'ont pas traité. Car occulté et n'ayant pas fait le deuil de ces traumatismes, conséquences, séquelles mortifères et dommages collatéraux chroniques post-guerre «sale». Dommages collatéraux chroniques post-guerre «sale » Le pitch du roman Aradjoul Aladi Yaktoub Ala Rahatihi de Djillali Khellas… Il situe l'histoire au cœur des années 1990. La décennie noire, rouge, sanglante en Algérie. On est à Bouzaher, dans la wilaya d'Aïn Defla. Un écrivain célèbre est victime d'un attentat terroriste, heureusement ayant avorté. L'assaillant le rate. Cependant, il tombe dans le coma. Le choc a été pour lui tellement terrible qu'il se réveille à l'hôpital de Bab El Oued, à Alger, souffrant, selon le Pr Abdelhah, d'une dépression nerveuse très grave. Ayant quitté l'hôpital, tout le monde l'évite, le fuit. C'est un calvaire total pour son père, Mohamed Lakhal, ancien moudjahid, convaincu que le mal rongeant son fils est incurable, décide de le venger. Surtout que les gendarmes croient l'avoir sauvé en éliminant le terroriste. On ne trouvera aucun commanditaire. L'auteur de l'attentat perpétré contre l'écrivain, abattu, ne portait aucun document sur lui. Mohamed Lakhal, après de nombreuses visites aux gendarmes – qui ont sauvé son fils unique, Djamel Lakhal -, trouve qu'ils tergiversent, patinent, ne trouvent pas de fil conducteur. Alors, ce père entreprendra son investigation personnelle, en quête de vérité. Salem, son fils adoptif, donc frère de Djamel et un ami à lui, Saïd, l'aiguillent, une information. Un policier déserteur, Hamid Ketfi, et cheikh Hamdoun, adjoint du maire d'Alger, issu des élections remportées par le parti islamiste en 1990, sont les commanditaires de l'attentat commis contre Djamel Lakhal. Malgré cela, le père affine son enquête. Il se rend à Alger, rencontre son ami, un ancien commissaire divisionnaire de police, Mouloud, un ancien moudjahid comme lui, qui lui révélera que Hamid Ketfi avait été radié des effectifs de la police. Une enquête des services de sécurité avait été diligentée pour connivence avec des terroristes. Pour Mohamed Lakhal, tout est clair. Hamid Ketfi et son complice, cheikh Hamdoun, sont les commanditaires de l'attentat raté contre son fils Djamel. Il intégrera alors les milices des patriotes et renoue des relations approfondies avec les officiers de l'ANP (Armée nationale populaire) pour se faire justice. Son meilleur roman au style épuré Son fils adoptif Salem, le soutient, ensemble, ils tuent Hamid Ketfi et deviennent à leur tour, des meurtriers, des assassins... Mais Salem, miné par la peur, prend la mer pour un exil, en Italie, sans retour. Mohamed Lakhal, avec l'aide des militaires de l'ANP, réussira à liquider Cheikh Hamdoun qui avait rejoint les groupes armés du GIA (Groupe islamique armé) à dans les monts de Chréa (Blida)… Un jour, rendant visite à son fils Djamel à l'hôpital, lui et sa femme, sont abattus par des motards inconnus. Meurtri, Djamel, surgissant des profondeurs de son abyme dépressif, est aveugle à son tour par une ixième vengeance de sa mère et son père. La mort dans l'âme. Un cercle infernal... Aradjoul Aladi Yaktoub Ala Rahatihi (L'homme qui écrivait sur sa main) est le meilleur roman de Djillali Khellas, parce qu'abouti, sans faire dans le laudatif. Il le dédie à sa mère, son épouse et au Docteur Benouniche, un psy qualifié de compétent et distingué. Un livre émouvant et poignant qui décrit et décrie la bêtise humaine. A lire absolument. C'est notre choix. K. Smail
Djillali Khellas/ Aradjoul Aladi Yaktoub Ala Rahatihi (L'Homme qui écrivait sur sa main )/ Casbah Editions Décembre 2021 446 pages Prix : 1000 DA https://casbah-editions.com/ https://fr-fr.facebook.com/casbaheditions/
EXTRAIT Chapitre : Embuscade meurtrière Sur la route, en élément de pointe se trouve une section mixte de l'ANP et de patriotes aux ordres du sergent-chef Hamid Goumri et de Mohamed Lakehal. Cet élément est suivi à courte distance par la section de commandement, comprenant le commandant Mohammed Maraoui, le capitaine Salim Maoui, le médecin-capitaine Rachid Sebhi et ses infirmiers ainsi que le sergent Farid Aïouaz, porteur du poste radio. La deuxième section de l'ANP, aux ordres du sergent chef Kader Martala, est en troisième position. C'est vers cette section que vont tous les espoirs en cas d'accrochage, car sa mitrailleuse de 7.6 et son mortier de 60 sont les seules armes puissantes de la compagnie. La section du sous-lieu tenant Karim Becha fouille la lisière de la forêt de Chréa, tandis que celle du lieutenant Yacine Djebiri en explore le centre des fourrés. Chacune d'elles possède comme armes de groupe : trois mitrailleuses. Il a été convenu au départ qu'une liaison sonore serait assurée par radio entre le capitaine et les sections. Une telle liaison vient d'être faite vers les dix heures, à l'ouest du douar de Beni-Selmane, quand, immédiatement, se déclenche sur la route un feu d'enfer, les hommes de la section Hamid Goumri et Mohamed Lakehal, pris sous un véritable déluge de balles, s'aplatissent au sol. Les rebelles islamistes ont tendu leur embuscade de telle manière que les soldats de l'ANP, encerclés de toute part et tirés à bout portant, ne peuvent neutraliser leurs adversaires. Le patriote Abdelkader Karimi (ancien moudjahid) , marchant en éclaireur de tête, est tué, son arme enlevée. Le soldat Hakim Keroui, second éclaireur, est abattu. Un terroriste voulant prendre son arme est mitraillé par le caporal de l'ANP, Djamel Seloui. Il tombe criblé de balles. Kamel Gaurdi, tireur au fusil mitrailleur, a réussi à plonger dans un fossé qui borde la piste. Il a mis son arme en batterie et il tire fiévreusement, tandis qu'autour de lui ses camarades tombent les uns après les autres. Exhalant un cri de rage et de douleur, le sergent chef Hamid Goumri s'est affaissé la face contre la terre. Ses hommes tirent des rafales meurtrières et abattent une dizaine de rebelles. Malheureusement, cinq soldats de l'ANP s'écroulent aux côtés de leur sergent-chef. Le caporal Mohamed Mèroui a tenté de mettre le mortier de 60 en batterie, mais blessé ainsi que deux servants, ils doivent bientôt se replier. Les rebelles du GIA(1) partent plusieurs fois à l'assaut de l'engin abandonné sur place, mais repoussés par les armes individuelles des soldats de l'ANP, ils ne pourront s'en emparer. (1) Groupe islamique armé.