« Les cadres algériens travaillant dans le textile sont considérés comme les plus pauvres. Ces derniers dépassent rarement les 15 000 dinars par mois alors qu'un cadre dirigeant dans le secteur public, touche en moyenne, 6 millions de centimes contre 5,4 millions dans le privé en Algérie. Les cadres travaillant pour les entreprises étrangères établies en Algérie touchent, quant à eux, une moyenne de 12 millions de centimes. Au Japon, un P-dg touche en moyenne 15 fois le salaire moyen, en Europe (25 fois) et aux Etats-Unis (100 fois). » C'est ce qu'a révélé une enquête réalisée par l'Institut national du travail au profit du ministère du travail. « Performance ? Un concept nouveau », avoue une femme, cadre depuis 30 ans, dans une entreprise publique lors d'un séminaire organisé, hier, par l'association algérienne des ressources humaines (ALGRH), à Oran. Un Séminaire dont le thème est « Rémunération et Performance. » « A travail égal, salaire égal, sans faire d'égalitarisme qui ne mène qu'à la médiocrité », voila pourtant ce que stipule la charte nationale de 1976. Près de 30 ans après, c'est paradoxalement ce qu'interdit ce texte qui est toujours appliqué à ce jour. interférences Si les informations sur les systèmes salariaux applicables aux cadres dirigeants sont assez rares et très partielles, une chose est en revanche, sure : « le secteur privé, qui se refuse à toute communication craignant des interférences dommageables des services fiscaux, laisse entendre que les cadres dirigeants y seraient soit très bien rémunérés avec de fortes enveloppes non déclarées soit aussi sévèrement exploités que les autres travailleurs », constate les militants de l'association ALGRH. Crée en 1991, cette association qui compte 600 adhérents, membre de la fédération méditerranéenne des ressources humaines dont la présidence tournante sera assurée par cette association en 2006, mène à présent, une étude dans le domaine des ressources humaines intitulé AGORA (Euromed), financée par le programme européen MEDA. Quatre groupes de travail sont à pied d'œuvre sur le terrain. Les résultats, qui seront consignés sous forme d'une synthèse à l'échelle méditerranéenne, sont attendus courant 2006. Mais d'ores et déjà, M.Belaïdi, l'un des animateurs de ce séminaire, fait un constat plutôt mitigé sur le système algérien des rémunérations : « c'est, dit-il, un mode plus administré et loin de prendre en compte toute notion de performance ou de mérite. Chez nous, l'entreprise est un outil de distribution de la rente pétrolière ». « Même la Sonatach n'y échappe pas. Elle est comme le reste des entreprises algériennes où la compétence n'est guère prise en compte dans le bulletin de paie », paraphrase un cadre retraité de cette même entreprise.