Le Pakistan n'en finit pas de pleurer ses morts. Les chances de retrouver des survivants dans les décombres du séisme sont « minimes », a indiqué hier le Président du Pakistan, Pervez Musharraf, cité par les correspondants de presse huit jours après le tremblement de terre qui a principalement touché son pays. Le bilan officiel a été porté à près de 40 000 morts et pourrait malheureusement encore s'alourdir, le mauvais temps compliquant les opérations de secours. La puissance du dernier séisme est comparable à celle de Bam, en Iran, qui avait coûté la vie à 31 000 personnes en 2003, et son bilan le place au niveau du séisme qui a rasé la ville pakistanaise de Quetta en 1935, faisant de 30 000 à 60 000 morts. Le nombre des blessés est passé de 51 000 à 62 000, a indiqué un responsable militaire. Les secouristes font face à une météo extrêmement défavorable et à l'absence de véritables abris. Pourtant, le temps presse. « Les gens s'abritent sous des plaques de tôle. Il y a de la pluie, de la neige et il fait très froid. Il n'y a aucune route pour atteindre les villageois, la seule façon de parvenir dans les villages est l'hélicoptère », a témoigné un membre d'une ONG. La situation sanitaire se dégrade de plus en plus et les miraculés risquent de mourir d'infections. La priorité est d'atteindre ceux qui n'ont rien, a souligné le coordinateur de l'ONU et qui ont besoin d'une assistance rapide, d'une aide psychologique et de soutien moral. L'épreuve a été terrible et dans ces moments de tragédie, les survivants sont en quête d'assurance. Plusieurs survivants, en particulier des femmes et des filles, souffrent de troubles du comportement. Ils se plaignent d'agitation et de difficultés à respirer. Ils ont de la difficulté à réaliser ce qui s'est passé... Petit rayon de soleil au milieu des tribulations : dans l'un des camps, une réfugiée a accouché de son premier enfant, une petite fille nommée Farheem. Des larmes de joie ont coulé sur les joues du père qui était assis à côté d'elle, assistant à ce moment exceptionnel avec anxiété. Malgré la désolation, la vie veut triompher de la mort. Le Premier ministre du Pakistan Shaukat Aziz a estimé les dégâts causés aux infrastructures de son pays à 5 milliards de dollars. Les nombreuses répliques réveillent en pleine nuit une population encore sous le choc. L'activité sismique devrait se prolonger pendant des mois, voire des années. La communauté internationale a promis de verser 350 millions de dollars et les Pakistanais ont donné plus de 38 millions de dollars en liquide et davantage encore en nature dans un effort de solidarité sans précédent. « L'administration locale s'est effondrée avec la catastrophe », a souligné le Premier ministre en ajoutant que le gouvernement avait également entrepris d'apporter un soutien psychologique aux victimes du séisme. Dans des voitures remplies de sacs et de couvertures pour les plus nantis, dans des bus bondés, agrippés sur le toit, pour les plus démunis, à pied parfois, les habitants de Muzaffarabad fuient « la cité maudite ». Ils laissent derrière eux une région détruite et espèrent trouver sous d'autres cieux une vie plus clémente. L'heure de la séparation sonne, un saut dans l'inconnu...