Si l'industrie du cuir est en nette régression en Algérie, au-delà de nos frontières, c'est une matière très prisée dans l'univers de la mode. Le cuir est une matière fabriquée à partir de peaux animales et figurant parmi les arts les plus anciens de l'humanité. L'usage du cuir a été attesté indirectement grâce à la découverte d'outils ayant probablement servi au travail des peaux et de restes osseux d'animaux portant des traces de dépeçage. La peau reste l'un des matériaux assujettis, c'est une matière à la fois pratique et résistante, protège le corps contre les caprices et les rigueurs du climat, et permet à l'homme de construire sa hutte, d'assembler ses outils et ses armes et de les ceindre à sa taille. A la préhistoire, l'homme ne connaissait pas encore la méthode adéquate pour la rendre imputrescible. Au cours des siècles antérieurs, les hommes ont inventé une multitude de techniques pour conserver les peaux : les fumer, les traiter avec du sel, de l'urine, les battre et les racler avec des objets pointus. Dans l'antiquité, les Egyptiens ont su tanner les peaux à l'aide de gousses d'acacia ou d'alun. Plus résistants à l'usure du temps, le cuir sert à la fabrication de plusieurs objets dont les boucliers, le mobilier, les sandales et les lanières pour les momies. Dès son apparition, les ateliers se sont concentrés au bord de l'eau pour faciliter le travail de rivière. Dans l'antiquité, la peau assurait une meilleure protection lors des combats. La «cuirasse» équipe tous les guerriers de la Rome conquérante, du gladiateur au légionnaire. Dès le VIIIe siècle, les Arabes se mirent à créer un tannage élaboré à partir de feuilles de sumac, d'écorce d'acacia et de chêne. Pour rappel, le tanin est un acide dont le rôle est de modifier la peau de l'intérieur pour la rendre imputrescible. Le tanin est présent dans différents corps, comme les pépins de raisin. Un processus de séchage à l'air libre donne une tenue parfaite à ces cuirs pour la fabrication de chaussures, des reliures et des cuirs repoussés. A partir du XVIe siècle, la gamme des cuirs se décline aux peaux d'agneau, de veau ou de cerf, suivront les peaux exotiques (lézard et serpent)... Le cuir obtenu va subir les traitements nécessaires à sa commercialisation, il subit l'essorage pour la suppression de l'eau encore présente, son épaisseur lui est conférée par le dérayage, et la mise au vent permet de l'étirer et de corriger les défauts dus aux plis. A cette étape, le cuir va acquérir des propriétés spécifiques, notamment sur sa texture et son aspect. Ses propriétés permettront d'uniformiser les cuirs issus de la production. Selon les utilisations, on distingue le finissage aniline, semi-aniline et le finissage pigmenté. Le premier finnasage aniline tend à mettre en valeur la surface du cuir, le résultat final donne un bel aspect dont l'entretien demande une attention des plus rigoureuses. Quant à la semi-aniline, elle est couverte d'une couche de pigments à peine opaque et d'une couche de produits translucides, manière singulière de cacher les défauts. Le cuir pigmenté est recouvert uniquement d'une couche de pigments opaques, il est facile à entretenir et peu sensible à l'eau. Il est à noter que le cuir est critiqué, notamment par tous ceux qui refusent l'exploitation animale, comme représentant le plus lucratif des sous-produits de l'élevage industriel. Il concentrerait 10 à 60% de la valeur de l'animal utilisé. Le cuir d'animaux exotiques, tels que les kangourous, les crocodiles, les serpents, les bisons est généralement le plus dénoncé par les associations animalistes et écologistes. Aujourd'hui, l'univers de la mode livre dans l'ensemble de sa collection des produits de maroquineries et de vêtements de luxe. Si, au départ, ses créations étaient essentiellement des produits pour femmes, aujourd'hui, les stylistes du monde entier optent pour un dressing où le cuir se taille la part du lion.