La situation ne semble pas avoir évolué depuis, puisque les partis membres de l'Alliance présidentielle se sont dit, la semaine dernière, opposés à la proposition d'Aït Ahmed A l'instar du Front des forces socialistes (FFS), le Parti des travailleurs (PT), dirigé par Louisa Hanoune, a plaidé dimanche pour l'élection d'une Assemblée constituante afin de rompre avec le système politique actuel «dominé par les réflexes du parti unique» et prendre en charge les aspirations de la société. L'élection d'une Assemblée constituante est une revendication que le plus vieux parti de l'opposition, le FFS, défend depuis pratiquement sa création en 1963 et reste persuadé qu'elle constitue la seule voie susceptible de permettre aux Algériens de se réapproprier leurs droits et leur liberté. Pour une révision de fond de la constituante Les pouvoirs successifs depuis l'indépendance sont toutefois restés sourds à cette demande, y compris au lendemain des événements d'Octobre 1988 qui ont permis une certaine ouverture démocratique. La situation ne semble pas avoir évolué depuis, puisque les partis membres de l'Alliance présidentielle se sont dits, la semaine dernière, opposés à la proposition d'Aït Ahmed au prétexte qu'elle faisait «table rase du passé». Chose attendue, le FLN, le RND et le MSP se sont dits favorables plutôt à une révision de «fond» de la Constitution. Dans un message adressé le 22 mars dernier aux «Algériens et aux Algériennes», intitulé «Pour une alternative démocratique et pacifique : le droit d'avoir des droits», Hocine Aït Ahmed, avait, rappelle-t-on, réitéré son appel en faveur d'«(…) une refondation institutionnelle qui remette les droits des citoyens, leur sécurité et leur développement ainsi que ceux du pays au cœur d'une Constitution digne de ce nom». Et pour le leader du FFS, une Constitution ne peut être digne de ce nom que si elle est l'émanation d'une «Assemblée constituante librement élue par des Algériens libres». Dans sa lettre au peuple algérien, Hocine Aït Ahmed a suggéré néanmoins que la mise en place d'une telle assemblée ne peut se réaliser qu'au terme d'un travail de longue haleine qui passe par une «re-mobilisation citoyenne et politique» de la société. En d'autres termes, le FFS n'entrevoit pas une possibilité de changement dans l'immédiat dans la mesure où «il manque à toutes les résistances (celles de la société, ndlr), à l'injustice, à la violence et à l'oppression un ancrage social plus large». Cela tout comme, a-t-il ajouté, il manque aux mobilisations observées depuis des années «de se voir et de savoir ce qui les lie et ce qui les sépare et comment ne pas tomber dans les pièges de la division, de la dispersion et de la diversion». Mais si pour le moment l'élection d'une Assemblée constituante ne fait pas beaucoup d'émules au sein de la classe politique, il reste néanmoins que l'idée commence à faire du chemin. Pour preuve, certains acteurs ont avancé des propositions qui s'en rapprochent. C'est le cas, un peu, de la proposition faite récemment par l'ancien secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri. Durant le week-end, les membres de l'aile de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), qui représente les partis politiques, ont aussi suggéré, pour changer de système, d'organiser une conférence nationale «qui aura pour mission de désigner un Conseil national de transition (CNDT)». Et c'est à ce CNDT auquel il reviendra l'initiative d'«engager le pays dans une refondation nationale dont la clé de voûte sera la rédaction d'une Constitution qui sera proposée au peuple algérien par voie référendaire». Pour réaliser leurs objectifs, il reste maintenant à tout ce beau monde de créer dans la société un rapport de force suffisamment important afin de parvenir à faire plier le pouvoir. Mais avant cela, il faudrait qu'ils fassent le plus dur à savoir apprendre à parler d'une seule voix.