L'Organisation mondiale de la santé (OMS), à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale antitabac le 31 mai, a appelé à durcir les lois sur l'interdiction de la consommation de tabac qui tue près de six millions de personnes par an dans le monde, afin de prévenir les maladies liées au tabagisme. L'organisation onusienne appelle les gouvernements et les entreprises du monde à utiliser les articles de la convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac comme le fondement des lois pour une interdiction à 100% de la consommation de tabac à l'intérieur des lieux publics, l'interdiction générale de la publicité, de la promotion et de la sponsorisation, l'interdiction de la vente de tabac aux mineurs, la mise en place des avertissements sanitaires graphiques, l'augmentation des prix et des taxes sur les produits du tabac. «Les décès liés au tabagisme représentent aujourd'hui 63% des décès dus aux maladies non contagieuses dans le monde», indique le communiqué de l'OMS rendu public hier à Pékin, ajoutant que le tabagisme passif fait environ 600 000 morts par an dans le monde. En Algérie, plus de 15% d'Algériens âgés de 15 ans et plus sont des fumeurs, selon les résultats d'une enquête nationale réalisée en 2010 par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. L'objectif de cette enquête, qui a concerné un échantillon de 8000 personnes âgées de 15 ans et plus dans quatre wilayas du pays, à savoir Alger, Batna, Oran et Ouargla, était de définir le nombre de consommateurs des différents types de tabac dans la société algérienne. L'enquête, qui a duré une année et dont les détails seront publiés aujourd'hui, à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le tabagisme, a porté sur une série de questions relatives à la durée d'addiction au tabac, à la qualité du tabac consommé, à l'âge d'initiation au tabac et à la fréquence de la consommation (régulière ou occasionnelle). 27,1% des hommes sont des fumeurs contre 1,7% de femmes, selon l'enquête. Le taux de consommation de tabac à chiquer ou à sniffer s'élève à 5,7% chez les deux sexes à l'échelle nationale. Cependant, l'enquête a révélé que le taux de consommation de la cigarette demeure le plus élevé chez la catégorie des 25-35 ans, avec 33,4% chez les hommes contre 1,7% chez les femmes. La première cigarette est fumée à l'âge de 17 ans. Le ministère a relevé un recul dans la consommation de tabac chez les adultes, en comparaison avec l'enquête réalisée en 2005 qui avait concerné la tranche d'âge des 25-64 ans et démontré que 18% des Algériens sont des fumeurs. Par ailleurs, des enquêtes épidémiologiques réalisées ces dernières années ont révélé et confirmé que le tabagisme est l'un des facteurs de risque dans l'apparition de certaines maladies chroniques. Mais rien n'empêche encore le tabagisme de toucher de plus en plus de personnes et de connaître une expansion alarmante dans les lieux publics. Pourtant, l'interdiction est bien consacrée par un arsenal de textes juridiques promulgué depuis les années 1980 et renforcé entre 2001 et 2003, le tout couronné par la ratification en 2006 de la convention-cadre de l'OMS. Mais leur application est renvoyée aux calendes grecques.