Le Conseil économique et social (CNES) subit déjà un premier revers. A la veille de «la grande rencontre» sur les états généraux de la société civile devant être organisée, à partir d'aujourd'hui à Alger, six organisations, considérées comme les plus actives sur le terrain ces dernières années, refusent d'honorer son invitation. Il s'agit de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), de l'Association rassemblement, actions, jeunesse (RAJ), du Snapap, du Satef, du collectif SOS disparus et de l'association Tharwa n'Fadhma n'Soumeur. Faux départ donc pour le CNES de Mohamed Sghir Babès qui souhaite réunir, pour la première fois, les représentants du mouvement associatif en Algérie. Dans un communiqué rendu public à l'issue de leur réunion, tenue hier à Alger, lesdites organisations estiment que la rencontre d'aujourd'hui «ne vise qu'à gagner du temps». «Nous nous n'inscrivons pas dans cette démarche qui vise à gagner du temps et à absorber la contestation pour contourner l'exigence du changement exprimée par la société», affirment les responsables de ces associations dans leur communiqué. Selon eux, la vocation des organisations de la société civile est d'être une force autonome de contestation, de proposition et de médiation d'une façon permanente et «non pas conjoncturelle à travers des rencontres alibis des salons». Les six associations en question dénoncent, dans la foulée, «le double jeu du pouvoir» qui les invite aujourd'hui à des discussions à Club des Pins, après les avoir matés hier dans les rues d'Alger. «Nous relevons l'incohérence de cette démarche avec la réalité du terrain marquée par des violations quotidiennes des droits de l'homme et des atteintes répétées aux libertés associatives et syndicales. Les marches et rassemblements pacifiques continuent à être interdits et réprimés, des conférences publiques non autorisées, des représentants de chômeurs, des défenseurs des droits de l'homme et des syndicalistes poursuivis en justice. Les médias publics restent fermés aux organisations autonomes et à toute voix discordante», rappelle-t-on. En déclinant donc l'invitation du CNES, lesdites associations réitèrent leur engagement «à lutter pacifiquement pour un changement démocratique avec les forces autonomes de la société».