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«Je ne veux pas influencer l'émotion»
Farid Bentoumi. Réalisateur, scénariste et comédien
Publié dans El Watan le 26 - 11 - 2011

Brûleurs, le court métrage de fiction de ce cinéaste prometteur, a déjà obtenu deux prix.
- Quels chemins vous ont mené au cinéma ?
Quand mon père travaillait à la mine, à son arrivée en France, il passait ses dimanches à regarder les films de Farid El Atrache. D'où mon prénom. C'était donc écrit que je vienne au cinéma… Plus sérieusement, j'ai fait des études de commerce. Puis, je me suis dit, qu'à la fin de ma vie, je ne voudrais pas dire à mes petits-enfants que je l'avais passée à vendre du shampooing. Le monde du commerce était trop loin des valeurs que m'ont transmises mes parents : générosité, ouverture, curiosité, engagement politique… Je faisais du théâtre amateur, j'ai décidé d'en faire un métier. Depuis dix ans, je suis comédien avec passion et bonheur, principalement au théâtre. Et puis, en 2005, sur les conseils d'Isabelle Massot, du Festival des scénaristes, je me suis mis à écrire des scénarios. J'ai très vite rencontré Frédéric Jouve, un producteur sincère et doué, qui m'a poussé à continuer et a produit mes films. Je n'ai pas une grande culture cinématographique, mais je suis vite tombé amoureux de la magie du 7e art. J'aime plonger dans mon imaginaire pour écrire un film. J'aime coordonner le travail d'une équipe et faire le lien humain et artistique entre les acteurs d'un film. Et, plus que tout, j'aime voir la beauté et la vérité des acteurs s'imprimer sur la pellicule.
- Parlez-nous de vos premiers films…
Mon premier court métrage, Un Autre jour sur Terre, est un film poétique et décalé, très proche du monde du théâtre. C'est l'histoire d'un cosmonaute dont la navette s'écrase près de la maison d'un vieil homme, dans un pays imaginaire dont j'ai inventé la langue... C'est un film à l'image très travaillée, qui parle de la générosité, de la capacité à aider les autres sans rien attendre en retour. Mais aussi du fait qu'il n'est jamais trop tard pour réaliser ses rêves. C'est peut-être là le lien avec Brûleurs : réaliser ses rêves. Le second est un documentaire sur ma famille, centré sur mon père. Ma mère est française, mon père algérien. Ils vivent aujourd'hui à moitié entre les Alpes et M'sila, entre le ski et les abricotiers, entre Noël et l'Aïd... Nous avons été élevés dans la richesse de cette double culture, avec beaucoup d'amour pour nos deux pays d'origine. C'est le sujet du documentaire : la richesse et la complexité du mélange. J'ai amené mes deux frères en Algérie, et j'ai filmé leurs retrouvailles avec ce pays qu'ils n'avaient pas vu depuis longtemps, vingt ans pour l'aîné… Les années de terrorisme ont été horribles pour l'Algérie, en particulier pour les arts et la presse, mais elles ont aussi coupé une grande partie des immigrés de leur pays, de leurs origines et ont approfondi notre «déculturation». Un drame mineur par rapport à celui vécu en Algérie, mais qu'il ne faut pas sous-estimer. Car le cœur du film est la question de l'héritage : qu'est-ce que notre génération d'immigrés va garder de son pays d'origine ? Une langue, une culture, une façon d'être au monde… des terres, une maison au bled ? La question est profonde et sera le sujet de mon long métrage en cours d'écriture. Il y a aussi des notes heureuses et décalées, comme l'aventure de mon frère, Noureddine, premier athlète algérien aux J. O. d'hiver, à Turin, en 2006 !
- Avec Brûleurs, n'aviez-vous pas peur de la redite, le thème de la «harga» ayant été traité par Merzak Allouache ?
Pas du tout. D'une part, les circuits de distribution et les publics des courts et longs métrages sont différents. D'autre part, je crois que l'on ne parlera jamais assez de ce problème qui touche la plupart des pays africains et pose pour moi une très grave question humaine : pourquoi des hommes et des femmes, jeunes ou moins jeunes, préfèrent risquer la mort au lieu de rester dans leur pays, leur quartier, parmi leurs proches ? Ce thème est aussi très présent chez les chanteurs de raï ou de rap algérien. Il est dans l'esprit de tous les jeunes Algériens. C'est pourquoi le cinéma doit s'en emparer. J'ai vu le film d'Allouache quelques mois avant de tourner le mien. Mon scénario était déjà écrit, mes intentions claires. Je voulais un film beaucoup plus brut, moins écrit et plus proche des êtres humains, des «brûleurs». J'en suis donc venu assez vite à vouloir que ce soit un des héros qui filme sa propre histoire. J'ai eu cette idée en voyant sur Internet des vidéos filmées par de jeunes harragas avec leurs portables. J'ai revu certaines de ces vidéos vingt ou trente fois car j'avais du mal à réaliser leur joie sur des bateaux les amenant peut-être vers la mort. Certains chantaient ou dansaient. J'ai trouvé qu'ils dégageaient une énergie incroyable, une force de vie qu'il fallait imprimer sur la pellicule. D'ailleurs, Brûleurs s'intitulait au début Pleins de vie. Il aurait pu s'appeler Pleins de folie. Car c'est cela qui a créé ensuite la matière du film : la folie qui possède ces jeunes, la folie du désespoir, qui les amène à croire que leurs rêves peuvent devenir réalité. Que leur réalité est tellement vide qu'ils n'ont plus d'autre choix que d'en changer. Que la mort n'est, finalement, pas si grave. Qu'elle vaut mieux que de rester dos au mur, sans avenir, sans projet, sans horizon. Une folie qui pourrait paraître presque raisonnable finalement.
- Est-ce les seules différences avec le film d'Allouache ?
L'autre différence est dans la vision de l'Algérie avant de partir. Je n'avais pas envie de montrer les jeunes harraga s'ennuyer dans leur quartier ni faire un documentaire sur la manière de se procurer une barque. Quand mon père me parle de sa vie au bled avant de venir en France, il ne parle pas du drame de la guerre, de la faim, de la pauvreté… Il parle des galettes de sa mère, de l'amour de sa sœur, des champs où il gardait les moutons. J'ai voulu que le jeune qui embarque avec sa caméra fixe sur la pellicule les derniers souvenirs d'un pays qu'il ne reverra pas avant longtemps. Et je me suis posé des questions plus larges sur l'exil. Que prend-on avec soi quand on part, qu'on quitte sa vie, pour une autre, inconnue ? Quelles images resteront gravées à jamais en nous ? Avec quels souvenirs vivent les immigrés, avec ou sans papiers ? Amine, mon héros, c'est un peu mon père, mais confronté aux problématiques d'aujourd'hui. Il a peur d'oublier. Alors, dans l'euphorie et l'appréhension du départ, il filme. Il veut retenir des images. C'est aussi ça, la magie du cinéma : l'immortalité de l'image imprimée.
- Votre film est techniquement très réussi. Comment s'est passé le tournage ?
C'était primordial pour moi de ne pas avoir de vision extérieure, pas de point de vue qui permettrait de relativiser, de prendre de la distance. Au fond, il n'y avait que le héros qui pouvait choisir ce qu'il filme. Il est conscient de réaliser un témoignage où chaque image est précieuse, indispensable. Sa prise d'images est donc toujours guidée par une immense sincérité. En même temps, je n'avais pas envie de la qualité d'image et de son d'un caméscope basique. Pour moi, le spectateur devait pouvoir vivre le témoignage sans barrière formelle ou gêne technique. Nous avons donc tourné avec une vraie équipe image et une caméra HD. Le son vient exclusivement des prises directes, y compris les musiques. Je ne voulais pas influencer l'émotion par des éléments extérieurs dramatiques, mais la laisser venir du réalisme et de la force de la situation. Puis, en postproduction, nous avons travaillé pour donner un effet «vidéo amateur» calculé : bougés, sons abîmés, flous… Nous avons tourné 5 jours à Marseille, les intérieurs et les scènes de bateau. Les extérieurs ont été tournés à Oran. La lumière était superbe, les gens très accueillants. La ville fourmille de vie et nous avons tourné presque non-stop durant les 48 heures sur place.
- Le film sera-t-il projeté en Algérie ?
Je ne sais pas encore. Ma production est en contact avec le Festival de Béjaïa. J'espère qu'en lisant cet article, d'autres salles ou festivals auront envie de le diffuser… Le film sera aussi en compétition au Festival du film arabe de Dubaï, en décembre. Cela dit, le film a surtout été réalisé pour toucher les spectateurs occidentaux, notamment par rapport au traitement de plus en plus arbitraire et violent des immigrés clandestins.


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