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La diplomatie suisse lors de la préparation des Accords d'Evian et après le 19 Mars 1962
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Publié dans El Watan le 25 - 03 - 2012

Le rôle de la Suisse dans le processus qui amène à la signature des Accords d'Evian est souvent mentionné comme une démonstration exemplaire de la politique active de neutralité.
Par Eric Perrenoud.
(Service historique du ministère des Affaires étrangères de la Confédération helvétique)*

La phase finale de la guerre se traduit par un double processus : d'une part, des contacts secrets sont organisés en Suisse et aboutiront à des négociations publiques à Evian (du 20 mai au 13 juin 1961) et à Lugrin (du 20 au 28 juillet) ; d'autre part, les partisans les plus violents s'activent en fondant l'OAS (responsable de l'assassinat du maire d'Evian le 31 mars) et en soutenant le «putsch des généraux» à Alger, en avril 1961.
Du côté algérien, les affrontements s'aggravent entre le GPRA et les chefs de l'armée dirigée par Houari Boumédiène. Relancées en octobre 1961, les négociations secrètes permettent d'organiser des entretiens à la frontière franco-suisse, aux Rousses, du 11 au 18 février 1962, puis la conférence publique d'Evian du 7 au 18 mars 1962, qui aboutira aux accords de cessez-le-feu. Trois facteurs caractérisent l'implication de la Suisse dans la guerre en Algérie : des Suisses y résident ; des Algériens séjournent en Suisse ; les relations franco-suisses sont marquées par des tensions qui atténuent les multiples et profondes relations de bon voisinage. Certains Suisses obtiennent des situations en vue dans le système colonial. C'est le cas de la famille Borgeaud, une des plus grosses fortunes de l'Algérie coloniale. Pendant la guerre, des Suisses vont en Afrique du Nord pour aider les victimes par le biais de la Croix-Rouge internationale. Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés, dirigé par les diplomates suisses Auguste R. Lindt de 1956 à 1960, puis par Félix Schnyder jusqu'en 1965, vient en aide aux quelque 226 000 personnes qui s'enfuient d'Algérie vers la Tunisie et le Maroc pendant la guerre d'indépendance.
Il semble admis que la décision de déclencher le conflit armé fut prise en 1954, à Berne, par les dirigeants du FLN : cinq des neufs chefs historiques se réunirent dans la capitale fédérale, tandis que la vigilance des policiers était absorbée par la Coupe du monde de football (Mohamed Harbi : 1954. La guerre commence en Algérie, Bruxelles 1984, p. 61). En 1960, l'administration suisse estime le nombre d'Algériens résidant en Suisse entre 500 et 800. A la fin de la guerre, environ 500 étudiants algériens résidaient en Suisse. De plus, la répression en France incita de plus en plus les organisations algériennes à se replier en Suisse. Les services secrets français manifestent un vif intérêt pour la Suisse. Une collaboration étroite se noue entre des policiers français et suisses qui échangent des informations secrètes. Ces relations provoquent, en mars 1957, le suicide du procureur de la Confédération, René Dubois. Il lui est notamment reproché d'avoir transmis des informations à Marcel Mercier, «attaché» de l'ambassade de France, en particulier des écoutes téléphoniques de l'ambassade d'Egypte à Berne, par laquelle transitaient des informations sur les activités des indépendantistes algériens en Suisse. La Suisse est aussi marquée par un mouvement de solidarité avec les indépendantistes algériens.
Des ouvrages interdits en France peuvent être édités en Suisse, en particulier La Question de Henri Alleg qui expose l'usage généralisé de la torture. Des militants suisses s'engagent en faveur du FLN. C'est notamment le cas de Jean Mayerat, qui est arrêté en août 1960 pour avoir tenté d'emporter en France quelques centaines de numéros du journal du FLN. La Suisse apparaît aussi dans des affaires de trafic d'armes destinées aux combattants de l'ALN. Elle est aussi citée dans les transactions financières qui passent par la Condération. Dès 1956, de multiples tentatives de contacts entre les belligérants sont menées par divers intermédiaires au nord et au sud de la Méditerranée, avec la Suisse comme lieu d'entretiens ou comme intermédiaire pour les organiser. En avril 1959, Ferhat Abbas manifeste le souhait de rencontrer un diplomate suisse au Caire.
L'ambassadeur de Suisse, Jean-Louis Pahud, délègue un collaborateur auprès du président du GPRA qui croit savoir que de Gaulle serait favorable à des négociations qui pourraient avoir lieu en Suisse ou en Espagne. F. Abbas donne la préférence à la Confédération, déclarant qu'il a une plus grande confiance dans les services suisses de sécurité ainsi que dans les dispositions que les autorités fédérales prendraient pour assurer à cette rencontre le secret nécessaire. Il «a encore insisté sur la nécessité qu'il y aurait à garder un secret rigoureux, tant à l'égard des autorités françaises qu'à celui des autorités égyptiennes. Elles ne manqueraient pas, a-t-il dit, les unes et les autres, de ‘'torpiller'' le projet si elles venaient à apprendre quelque chose» (télégramme et lettre de l'ambassadeur de Suisse au Caire, Jean-Louis Pahud au chef du Département politique fédéral, Max Petitpierre 1er et 2 avril 1959).
A la fin de 1960, des contacts se nouent avec Olivier Long, chef de la délégation suisse auprès de l'Association européenne de libre-échange. En décembre 1960, le ministre français de la justice, Edmond Michelet, propose que des entretiens soient organisés, ce qui est approuvé par le général de Gaulle.
Le 18 février 1961, de Gaulle adresse une note à Georges Pompidou (alors membre du Conseil constitutionnel) et Bruno de Leusse (sous-directeur pour l'Europe au Quai d'Orsay, détaché auprès du ministre d'Etat chargé des Affaires algériennes, Louis Joxe) pour leur préciser les buts et les limites de leur mission d'information. Les deux émissaires français discutent le 20 février avec Boulahrouf (délégué du FLN à Rome) et Ahmed Boumendjel, directeur politique du ministère de l'Information du GPRA. Le 5 mars, une deuxième rencontre secrète se déroule à Neuchâtel avec les mêmes protagonistes. Les responsables suisses, Olivier Long et Gianrico Bucher, chef de la section Est du DPF, se chargent de la sécurité et du secret des entretiens sans participer aux séances. Le ministre des AE du GPRA, Krim Belkacem, adresse une circulaire aux chefs de mission à l'étranger pour préciser le cadre et les conditions des négociations… Il précise les problèmes qui restent à régler et annonce qu'une conférence au niveau ministériel aura lieu à Evian.
Le rôle de la Suisse suscite l'irritation de l'OAS. Le consul général de Suisse à Alger redoute que son poste soit visé par les «plastiqueurs». Il expose au DPF une évolution inquiétante. Deux jours plus tard, le 20 mai 1961, c'est l'agence consulaire de Suisse à Oran qui sera envahie par une centaine de manifestants partisans de «l'Algérie française» qui saccagent les locaux en guise de protestation contre la politique suisse. En mai 1961, Max Petitpierre aborde le rôle de la Suisse en Algérie lors de son dernier exposé en tant que chef du DPF devant les commissions parlementaires. A cette occasion, il évoque les incertitudes de la situation française : «L'évolution en France sera naturellement influencée par les péripéties de la Conférence d'Evian. Celle-ci vient de s'ouvrir sans qu'on puisse prédire si elle sera un échec ou un succès. La question la plus difficile sera celle du Sahara, mais il y en a d'autres. Ainsi, en cas de sécession – c'est-à-dire si le FLN ou le peuple algérien quand il sera consulté rejette l'association avec la France – le général de Gaulle prévoit un regroupement des Européens à Alger et Oran ; c'est là une solution qui sera sûrement rejetée par le FLN. La négociation sera donc longue et difficile.
Elle est abordée avec beaucoup de méfiance par le GPRA : on a l'impression qu'il a peur, qu'il ne se sent pas sûr de lui. Ces Algériens manquent d'ailleurs d'expérience : plusieurs d'entre eux sont des combattants, des guerriers, pas des diplomates ni des hommes d'Etat. De plus, ils sont divisés : il y a les durs, ceux qui sont à l'origine de la lutte contre la France, les pro-communistes qui voudraient que l'Algérie nouvelle s'appuie sur Moscou, et les pro-occidentaux, du type Ferhat Abbas . On ne peut prévoir quelle tendance l'emportera. Il n'y a pas de doute que si le président Bourguiba cherche à exercer une influence modératrice, d'autres chefs arabes, notamment le président Nasser, chercheront par tous les moyens à saboter la conférence et à empêcher un arrangement. Il ne faut pas compter non plus que l'URSS et la Chine encouragent le GPRA à la modération. Les chances de succès de la conférence sont donc très incertaines.»
Le 5 septembre 1961, lors d'une conférence de presse, de Gaulle reconnaît la souveraineté algérienne sur le Sahara et confirme la volonté française de poursuivre les négociations. Du point de vue algérien, la concession sur le Sahara permet de lever un obstacle sur lequel avaient buté les entretiens précédents. Les diplomates suisses continuent leurs efforts. Du 27 au 29 octobre 1961, puis du 8 au 11 novembre et dès le 8 décembre, une équipe d'une petite dizaine de fonctionnaires fédéraux, dirigée par Olivier Long, accompagne les déplacements secrets des représentants algériens qui rencontrent dans la région bâloise des émissaires français. Dès l'été 1962, les nouvelles autorités algériennes font des ouvertures aux représentants suisses afin que des aides soient apportées au développement. En fait, les fonctionnaires suisses ont négocié avec des Algériens qui ne joueront pas les premiers rôles en Algérie indépendante… Le GPRA qui avait la responsabilité des négociations, s'efface devant l'armée : Boumédiène avait manifesté, dès le début, sa méfiance face aux négociations et il avait voté contre les Accords d'Evian.

*Synthèse d'une communication présentée au colloque «50 ans après les Accords d'Evian. Sortir de la guerre d'Algérie : regards croisés, regards apaisés»


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