Les révélations à rebondissements sur des affaires de détournements, escroqueries aux banques, passations de marché contraires à la réglementation, trafics sur le foncier, dilapidations des deniers et patrimoines publics... se multiplient dans la wilaya de Annaba, tout autant que les déplacements de contrôleurs et d'inspecteurs dépêchés par différentes institutions de l'Etat, dont les services de sécurité. Après les scandales des communes de Sidi Amar, El Bouni, Annaba, Berrahal et El Hadjar, celui des services agricoles où les préjudices au Trésor public sont évalués à plusieurs centaines de millions de dinars, c'est au tour de l'habitat d'être secoué par un tombereau d'affaires similaires. Concernant la réalisation du pôle universitaire El Bouni et le réaménagement du centre de formation des sidérurgistes (CEFOS) en site universitaire de 1000 places pédagogiques, est intervenue une foule de dossiers durant les années 2003 et 2004. Il s'agit d'entrepreneurs payés pour des travaux fictifs, faux et usage de faux, passations de marchés non conformes à la réglementation et en l'absence de couverture financière ainsi que de fausses signatures. Ces faits sont à l'origine de dépenses exorbitantes engagées par le Trésor public pour des équipements publics appelés à être démolis. Cette situation préjudiciable a contraint le ministère de l'Habitat à mettre en place une commission d'enquête à l'effet de déterminer les responsabilités dans ce qui semble être une opération planifiée pour détourner des deniers publics. Il s'agit entre autres de la réalisation d'une salle de sport au lycée El Hadjar, du pôle universitaire El Bouni et du réaménagement en 2003 des locaux de l'ex-CEFOS transférés à l'université Badji Mokhtar. « Effectivement, ces affaires intervenues avant l'installation de l'actuel directeur font l'objet d'une enquête de notre tutelle. Je confirme également que le réaménagement du CEFOS en site universitaire de 1000 places pédagogiques prévu pour être réalisé a été abandonné après le lancement des travaux. Il est remplacé par un projet de réalisation d'une école d'architecture de 2000 places », a affirmé M. Soudi, un des proches collaborateurs du directeur du logement et des équipements publics de la wilaya de Annaba (DLEP). Il a précisé que les travaux préliminaires de réalisation des 1000 places pédagogiques, appelées à être démolies, ont été lancés sans couverture financière et sans documents justificatifs. Nonobstant les factures en instance de paiement, le préjudice financier dont aurait été victime le Trésor public dans cette opération serait de 50 millions de dinars.Dans les locaux de cette administration, le débat tourne autour de l'éviction de leur poste de responsabilité de 2 proches collaborateurs du directeur. « Cette éviction est liée à de nombreuses affaires de passation de marché contraire à la réglementation. Le dossier est pris en charge par le ministère de tutelle qui a dépêché une commission », a indiqué notre interlocuteur. Toutes ces affaires et bien d'autres qui confinent au scandale sont quelque peu mises sous l'éteignoir par les enquêteurs locaux. Loi du bakchich et de l'affairisme oblige, l'on en est à monter des cabales contre des opérateurs économiques refusant de s'y soumettre. C'est le cas de cet imprimeur qui, bénéficiant d'un crédit de 7,50 millions de dinars avec hypothèque de l'ensemble de ses biens d'une valeur de plus de 400 millions, est bloqué dans la réalisation d'un projet créateur de plusieurs dizaines de postes de travail. Bien qu'il ait remboursé son crédit dans sa totalité, il lui est reproché d'avoir acquis des équipements ailleurs que chez le fournisseur domiciliataire du crédit. Conséquence, outre le gel du projet, cet opérateur et le chef d'agence de la BNA se sont retrouvés placés sous contrôle judiciaire. Du côté de la direction régionale de la BNA Annaba, l'on a cure du droit à l'information des gens de la presse. A chacune de nos tentatives, pour avoir de plus amples détails sur cette affaire dont risque de pâtir injustement sa collaboratrice, le 1er responsable de cette institution financière répond, via sa secrétaire, qu'il est absent.