Il ne passe pas un jour sans que cette question revienne dans les discussions des profanes ou dans des réflexions plus approfondies des intellectuels. L'exception algérienne est, aussi et par ailleurs, d'actualité au niveau international dans tous les types de médias. C'est cette question qu'a choisie Nacer Djabi comme titre d'un ouvrage en langue arabe, que viennent de mettre sur le marché les éditions Chihab. Le livre, d'un peu plus de 130 pages, est basé sur une série d'études que l'on résumera comme une tentative de réponse à cette question qui intéresse beaucoup de monde. Cette dernière est d'autant plus intrigante que l'Algérie demeure le seul pays d'Afrique du Nord à être épargné par des vents qui, en Tunisie et en Egypte, sont considérés par d'aucuns comme des révolutions. Pour trouver des réponses, Djabi, universitaire en sociologie politique, va considérer les relations de trois générations d'Algériens ; la première étant, cela est évident, celle qui a pris le pouvoir à l'indépendance du pays. De ces relations, il échafaude des scénarios d'évolution et donc de passation et ou de conservation du pouvoir. Pour élaborer ces scénarios, il se trouve dans l'obligation d'étudier la scène politique dès ses débuts, en 1962, et à partir d'angles d'observation très variés tels que les conditions dans lesquelles s'est ouvert le champ politique en 1989, suite aux événements d'octobre 88, la vie des partis politiques, le poids des résidus du tribalisme, etc. Les pratiques partisanes, et pas seulement celles des partis au pouvoir, influent sur les processus électoraux dont l'auteur analyse les traditions, les luttes qu'ils provoquent, y compris celles qui sont souvent intestines et les manœuvres qui accompagnent immanquablement chaque scrutin. La deuxième partie est consacrée à la conception et à la prise de la décision politique, en somme la réalité du pouvoir dans le système politique algérien de l'ère Ben Bella à celle de Bouteflika en passant par Boumediène, Chadli I, Chadli II et Zeroual. Bien sûr, Djabi n'oublie pas de rappeler le rôle écrasant des militaires et la véritable place du gouvernement. Une troisième partie tente de situer la place de la femme ou plutôt la portion congrue que lui laissent les pouvoirs dans la scène politique, même si elle représente 50% de la société. Une dernière et petite partie est enfin consacrée au mouvement de contestation né dans le sillage des changements qui ont soufflé sur une partie du Moyen-Orient arabe et sur l'Afrique du Nord.
Nacer Djabi, Pourquoi le printemps algérien a-t-il pris du retard ? Editions Chihab, Alger, juillet 2012, 232 pages. Prix 650 DA.