Les récentes visites des présidents russe et sud-coréen sont des signes pertinents de la place que reprend l'Algérie sur l'échiquier des grandes stratégies politiques et économiques au plan international. Ces visites, assorties de gros enjeux de partenariat, ne se suffiraient pas à elles-mêmes si, d'une manière évidente, elles ne soulignaient pas aussi que la reconquête par le pays d'espaces qui paraissaient il y a peu lui être fermés lui impose d'immenses challenges pour convaincre et séduire le plus grand nombre possible d'investisseurs. C'est, en d'autres termes, la dynamique de développement qu'il s'agit de vendre au sens promotionnel du terme. Le pays peut se prévaloir certes de l'effet d'aubaine que lui assure le flux lié aux revenus générés par les hydrocarbures. Cela ne serait pas suffisant, car s'il y a le pétrole, il y a aussi les idées, les images, tout un gisement intellectuel qui a vocation de rendre compte aussi, au-delà du seul contexte de marché, des réalités algériennes. Il est ainsi des pays qui ont annoncé leur bond en avant économique par une formidable débauche de productions artistiques et littéraires qui n'ont été en aucun cas antinomiques du regain économique. C'était le cas de la Chine ou de l'Inde, grandes nations dont l'expansion avait été précédée par leur cinéma, leur musique, leur littérature, qui furent leurs plus efficaces ambassadeurs, même si cela n'a pas dispensé les diplomaties de jouer leur rôle traditionnel et pour tout dire nécessaire. Leur exemple s'applique à tous les pays qui ont à mettre en œuvre leur rapport à l'autre et à plus forte raison si celui-ci accède au rang de partenaire. Les échanges, tout avantageux qu'ils peuvent être, ne peuvent pas se faire au diapason exclusif du tiroir-caisse car ils se feraient à sens unique. L'embellie économique sonnerait le creux si elle n'enfantait pas un éveil de l'esprit, et ce type d'éclosion qu'on a pu voir s'accomplir dans des pays que nul observateur ne voyait se mettre au-devant de la scène économique mondiale. Car il n'est pas dit que les relations internationales, pas plus que les échanges économiques s'accommodent de la pénurie d'images fondatrices : bien au contraire, elles ont horreur, comme la nature, du vide. Autant que de ses ressources, l'Algérie doit tirer profit de ses sites, de son formidable patrimoine qui attestent qu'elle se situe, à cet égard aussi, dans les premiers rangs.