Avec 2000 élèves inscrits dans neuf écoles privées, Tizi Ouzou est l'une des wilayas les plus touchées par la controverse née après la décision de fermeture de ces établissements. Les parents d'élèves sont désemparés, car leur choix d'instruire leurs enfants selon les programmes pédagogiques français est contrarié. Les programmes scolaires qu'ils reçoivent du CNED, organisme français dépendant de l'Académie de Rouen, sont depuis toujours enseignés dans leur intégralité. Autrement dit, un candidat algérien au Bac français aura eu le même cursus scolaire que celui de la Guadeloupe ou de la Lorraine. Depuis la demande de mise en conformité de ces écoles par les pouvoirs publics, les programmes ont été réaménagés. Au niveau primaire, par exemple, les élèves font 11 heures d'arabe par semaine, 10 heures de français. En histoire et géographie, les programmes contenus dans le cahiers des charges sont identiques à ceux dispensés par l'école publique algérienne et les cours sont dispensés en arabe. Toutefois, les sciences naturelles, les sciences physiques et les mathématiques sont enseignées en langue française. Au niveau de l'enseignement moyen, les matières littéraires (histoire, géographie, éducation civique) se font en langue arabe aussi. Le volume horaire des lettres arabes, en tant que matière, est de 4 heures. Tout le reste se fait en langue française. Une mère de famille, professeur de lycée, commente la décision de mise en conformité : « Si on nous oblige à faire le programme algérien dans l'école privée, autant retirer mes enfants et les mettre dans l'école publique. Je suis enseignante, et je connais très bien le contenu des enseignements dans l'école algérienne. Les programmes sont tout simplement révoltants. » Cette mère, qui a son fils Sofiane en terminale et sa fille Sarah en 5e, paie un total de 140 000 DA par an à l'école et 300 euros pour le garçon et 220 euros pour la fille comme frais d'inscription au CNED et plus de 20 000 DA pour les livres de Sofiane. De nombreux parents ont choisi le programme français dans son intégralité même si l'on apprend à l'enfant algérien le repère historique « nos ancêtres, les Gaulois » alors que de l'autre côté, l'on stigmatise les manuels algériens dépouillés des références aux valeurs identitaires authentiques. Le gouvernement a laissé faire pendant des années. Un élève qui est en seconde cette année (programme français), peut-il être mis en « conformité » l'année prochaine en 2AS (programme algérien) ? Les ingrédients de l'échec sont réunis. Qui en est responsable ?