Pour la plupart des spécialistes, l'enseignement de cette branche en milieu hospitalo-universitaire s'impose pour assurer une meilleure prise en charge à cette catégorie de malades. Des décennies durant, les institutions de la santé (corps médical y compris) ne se posaient pas trop de questions concernant la gériatrie et ses corollaires les non-dits. Pas de débat sur cette question sensible où une certaine omerta pèse de tout son poids. A partir de ce postulat, le sujet était inévitablement évoqué dans les coulisses, loin des oreilles indiscrètes et de tout battage médiatique. Fort heureusement, les langues se délient aujourd'hui dans les milieux médicaux où l'on se montre plus sensible à tout ce qui touche à cette spécialité articulée autour des pathologies affectant les personnes âgées. Preuve en est, ce sujet presque tabou par le passé, est à présent abordé et traité sans a priori ni langue de bois, comme on a pu le constater lors de deux journées organisées sur ce thème à la faculté de médecine de Constantine, sous l'impulsion du syndicat national des médecins généralistes de santé publique (bureau de Constantine). Une véritable aubaine pour un corps médical frustré, de surcroît, par l'absence de cette spécialité dans les cursus d'études médicales approfondies. S'agissant du versant purement médical, une équipe pluridisciplinaire de professeurs en médecine hautement qualifiés interviendra sur une vingtaine de spécialités et plus particulièrement sur la démence sénile, la maladie d'Alzheimer, la maladie de Parkinson, l'hypertension artérielle du sujet âgé, l'oncologie gériatrique, les soins palliatifs, les infections chez ce sujet, la fracture du fémur…..Questionné à ce propos, le Dr Yacine Meziani, médecin aux urgences de l'établissement public hospitalier (EPH) de Boumerzoug, dira que «les personnes âgées sont justement caractérisées par leur vulnérabilité du fait de leur vieillissement, des maladies et des facteurs sociaux et psychologiques ayant des conséquences fonctionnelles. En particulier, quand on est en présence de plusieurs maladies chroniques chez un patient». En marge du versant purement médical traité à cette occasion, s'est alors posée la question de la nécessité ou non de créer des services de gériatrie en milieu hospitalier. Médecin- chef à l'EHS d'El Bir, le Dr Amine-Khodja Yacine se démarque en soulignant sa frilosité concernant la création de services spécifiques aux personnes âgées: «L'entraide et la solidarité entre malades hospitalisés dans un même service est une réalité de tous les jours, sachant que les plus jeunes se dévouent corps et âme à cette tâche qui s'assimile à un véritable sacerdoce. Imaginez alors une salle où les personnes alitées sont totalement dépendantes. Qui aidera qui ? Connaissant le manque de personnel paramédical, la seule alternative est d'en rester à la situation actuelle, à savoir la promiscuité entre personnes valides et personnes âgées dépendantes. D'ailleurs, en Europe le débat est lancé sur la nécessité ou non de pérenniser les services de gériatrie.» Par contre, ce dernier souhaite ardemment que la gériatrie figure au registre des spécialités enseignées en milieu hospitalo-universitaire, ce qui aidera, précise-t-il, à une meilleure prise en charge des personnes âgées hospitalisées ou traitées en ambulatoire.