Il faut désormais se lever à 6 h du matin pour trouver du pain dans la ville de Bouzeguène. A partir de 9 h, les étagères des boulangeries se retrouvent tristement vides et les rideaux commencent à baisser. Jeudi dernier, une quinzaine de personnes étaient agglutinées devant l'unique boulangerie, encore en activité. Puis arrivaient d'autres clients, des femmes et des enfants, à la recherche du pain et une foule compacte bloque l'entrée de la boulangerie. «Est-ce qu'il y aura du pain ?», s'interrogeait chaque nouveau client qui arrivait. «Oui, il sortira dans 20 mn», répondait une voix. Les 20 mn passèrent et toujours pas de pain.Les plus impatients s'énervent. «Comment se fait-il que les citoyens de Bouzeguène doivent se lever tous les jours à l'aube pour trouver du pain, alors qu'à Azazga il est disponible toute la journée et à un prix raisonnable ? Pourquoi les autres boulangeries sont fermées?», se demande un client. Tout le monde acquiesce. Un autre client, en colère, et las d'attendre, quittait la boulangerie et jurait qu'il ne mangerait pas de pain de cette journée avant de lancer ironiquement à la foule : «Il faut demander aux candidats aux APC d'inscrire le pain dans leur programme». Quelques instants après, le boulanger ramenait une caisse de baguettes. Le reste était réservé aux restaurateurs et aux commerçants. Tout le monde savait qu'il n'y aurait pas de pain pour tout le monde. En effet, beaucoup étaient repartis les mains vides. C'est la triste réalité aujourd'hui à Bouzeguène où les boulangers qui continuent encore d'acheter de la farine subventionnée comme tous les boulangers d'Algérie, n'arrivent pas à juguler cette tension qui reste constante toute l'année. A 9 et 10 DA la baguette de pain normal, 15 DA, la baguette sur dalle, le pain devrait être disponible à profusion. Mais il n'en est point puisque chaque jour, les citoyens sont obligés de se passer de pain ou, pour ceux qui sont véhiculés, aller jusqu'à Aït Issaad (commune d'Ifigha), à 15 km, ou Azazga à 30 km, pour acheter leurs baguettes.