L'absence de réseau d'évacuation des eaux usées continue de troubler la quiétude des habitants de Haï Aïn S'dari à Hamma Bouziane, qui n'ont trouvé d'autres moyens pour y remédier que de creuser des fosses septiques ou des caniveaux de manière anarchique, ce qui laisse planer, en plus des odeurs nauséabondes, un risque permanent de maladies. Ainsi les habitants de ce lieu perdu, situé sur une butte surplombant la ville de Hamma Bouziane, souffrent le calvaire au quotidien. Sur place les représentants de l'association de quartier nous accompagnent pour nous montrer l'ampleur de ce qui fait leur désarroi. Ce qui attire l'attention d'abord, c'est l'état lamentable de la route et des différentes voies d'accès, jamais goudronnées, toutes cabossées, et de plus submergées par la boue en l'absence d'un réseau d'évacuation des eaux de pluie. L'alimentation en eau potable constitue également un souci crucial. Les habitants affirment ne recevoir le précieux liquide que deux fois par semaine et durant quelques heures seulement. Un riverain évoquera également l'apparition d'un phénomène presque inconnu jusque-là à Aïn S'dari : l'insécurité. «C'est vrai que cela n'atteint pas le degré de gravité enregistré à Constantine ou à Ali Mendjeli, mais l'on signale tout de même quelques délits comme les agressions ou la présence de dealers de psychotropes et de kif dans le quartier», souligne notre interlocuteur. A Haï Aïn S'dari ce n'est pas uniquement l'eau et la sécurité qui font défaut, c'est aussi une situation géographique qui fait que le quartier, où tout manque, est excentré par rapport au chef-lieu de wilaya et Hamma Bouziane. Le transport est ainsi un véritable casse-tête. Le déplacement vers Hamma Bouziane ou Constantine est vécu quotidiennement comme un calvaire, notamment pour les enfants scolarisés. En effet, en l'absence de moyens légaux de transport individuel ou collectif, les «fraudeurs» exercent en maîtres des lieux en assurant des navettes à leur guise et à des tarifs prohibitifs. «Nous voulons que nos enfants aient d'autres activités que le transport d'eau, que l'on pense à nous pour une ligne de bus. Bref, que nous soyons considérés comme des citoyens à part entière», nous dira un représentant de l'association de quartier.