L'échec de la relance du projet du traité d'amitié entre l'Algérie et la France, qui devait être signé en 2005, à l'issue de la visite, cette semaine en Algérie, du chef de la diplomatie française, Philippe Douste-Blazy, était largement commenté par les quotidiens français parus hier. Ils se sont étalés sur les raisons ayant conduit à l'échec du ministre français des Affaires étrangères dans sa mission à Alger. Une mission consistant à promouvoir « le partenariat d'exception » entre les deux pays et à faire relancer les discussions en vue de la signature de ce traité. « Bloqué », « en panne » et « ajourné » sont les qualificatifs utilisés par Le Monde, Libération, Le Figaro et l'Humanité pour évoquer l'impasse caractérisant les pourparlers entre Alger et Paris sur ce sujet. Les raisons évoquées sont multiples : la loi du 23 février 2005 glorifiant le passé colonial français, la question des harkis, le problème des visas et le différend sur le conflit du Sahara-Occidental. « Le traité d'amitié n'est pas pour demain » titre Libération. Citant les déclarations des ministres algériens et français, le journal a conclu que « le traité d'amitié est totalement bloqué ». Dans son édition du 10 avril, le même journal avait prédit l'ajournement de ce traité jusqu'à la présidentielle de 2007 en France. « Le traité d'amitié est en fait totalement bloqué et tout indique que, sauf miracle, il le restera jusqu'à la présidentielle de 2007 », précise le rédacteur de l'article. En sus des raisons précitées, Libération explique également le gel de ce traité par le « manque d'empressement français à livrer directement du matériel militaire sophistiqué à l'Algérie pendant la guerre civile ». Ceci avant de conclure que l'Algérie, connaissant une embellie financière, « fait monter les enchères » en sachant que la France « ne veut pas rater sa part du marché algérien et rester à la traîne » au moment où les grandes puissances se bousculent au portillon. Pour Le Figaro, « le traité d'amitié vient de subir un nouveau revers ». Ce quotidien proche de la droite française estime que les explications avancées par Mohamed Bedjaoui, ministre des Affaires étrangères algérien, s'apparentent à « un renoncement » à la signature de ce pacte. M. Douste-Blazy, selon le journaliste, a « entretenu la flamme pour tenter de remettre sur rails un projet mis à mal en France comme en Algérie par des péripéties de politique intérieure ». Les deux pays, a-t-il souligné, ont les pires difficultés à purger le passé, notamment les questions de l'occupation française et les harkis. « Alger garde durablement ses distances avec Paris », souligne Le Figaro. Les exigences posées par le président Bouteflika, concernant la simplification des procédures de visa octroyées et l'approfondissement du travail de mémoire témoignent « du manque flagrant d'enthousiasme des responsables algériens ». Même conclusion chez Le Monde, pour qui l'enthousiasme né de la visite d'Etat de Jacques Chirac en Algérie, en mars 2003, « semble bel et bien retombé ». La question des visas, selon Le Monde, est « au centre de la crispation actuelle entre les deux capitales ».