Les années se suivent et se ressemblent à Hadjret Banarouss, un petit bourg bordant la RN 3, situé entre Constantine et Hamma bouziane et abritant environ 800 familles. Ainsi les habitants de ce lieu perdu même s'il se trouve à moins de trois kilomètres à vol d'oiseau de l'Hôtel de ville, souffrent le calvaire au quotidien. Sur place les représentants de l'association de quartier nous accompagnent pour nous montrer l'ampleur de ce qui fait leur désarroi. Ce qui attire l'attention d'abord, c'est l'état lamentable de la route et des différentes voies d'accès jamais goudronnées et toutes cabossées, et de plus submergées par la boue en l'absence d'un réseau d'évacuation des eaux de pluie. En remontant le quartier, l'on nous apprend que le problème crucial de l'alimentation en gaz de ville qui a toujours hanté la vie des citoyens, surtout en cette période de l'année où la température descend en dessous de zéro, n'a toujours pas été réglé malgré les coups de gueule répétés des habitants qui ont fermé la RN3 à la circulation l'année dernière à plusieurs reprises. Mais au-delà de ces mouvements de colère, qui ont failli mettre le feu aux poudres, Hadjret Benarous se rappelle aujourd'hui les promesses non tenues des autorités locales de régler les problèmes auxquels font face les habitants. Car à Hadjret Benarous, ce n'est pas uniquement le gaz de ville qui fait défaut, c'est aussi une situation géographique qui fait que le quartier, où tout manque, est excentré par rapport au chef-lieu de wilaya et Hamma Bouziane. Le transport constitue également un véritable casse-tête. Le déplacement vers Hamma Bouziane ou Constantine est vécu quotidiennement comme un calvaire notamment pour les enfants scolarisés du quartier. En effet, en l'absence de moyens légaux de transport individuel ou collectif, seuls les fraudeurs continuent d'exercer en maîtres des lieux. «Nous voulons que nos enfants aient d'autres activités que de trimballer des bouteilles de gaz butane à longueur d'année. Que l'on pense à nous pour une ligne de bus, bref que nous soyons considérés comme des citoyens à part entière», nous dira un représentant de l'association de quartier.