La ferme Mustapha Ben Boulaïd, dans la commune de Badjarrah, présente un sérieux danger pour ses occupants. Transformée en une cité anarchique et habitée par plus de 150 familles, cette «firma» est un véritable ghetto, située à un jet de pierre du nouveau siège de l'Assemblée populaire communale. Les habitants affirment que les élus locaux n'y ont jamais mis les pieds. «Que ce soient les nouveaux ou ceux des mandats précédents», indique un jeune résidant. «Sinon, comment expliquer que nous ne soyons pas relogés et que nous vivons dans des conditions aussi lamentables !», explique-t-il. Hormis l'électricité, cette cité n'a pas bénéficié de la moindre commodité. «Nous ne disposons ni de l'eau potable, raccordée illégalement, ni de routes praticables et encore moins d'un réseau d'assainissement», indique un autre résidant. Même l'éclairage public installé depuis des mois n'a jamais fonctionné. «Les lampadaires n'ont jamais été allumés. Cela renseigne quant au laisser-aller des autorités locales à notre égard», s'indigne notre interlocuteur. Mais le mal-vivre des habitants de cette ferme, devenue au fil des ans une «agglomération inhabitable», ne se limite pas à ces seuls problèmes. Chaque hiver, des effondrements, des inondations et une grande panique sont vécus par les résidants. «Lors des dernières précipitations, le toit d'un vieux hangar occupé par 9 familles s'est affaissé. La catastrophe a été évitée de justesse. Certaines familles ont fui cette construction menaçant ruine et ont implanté des gourbis à l'extérieur, d'autres, résignées, continuent d'y vivre au péril de leur vie», raconte un jeune résidant. «J'ai quitté le hangar en catastrophe, à ce jour, aucune réaction de la part de l'APC. Je pense qu'ils ne sont même pas au courant», souligne un père de famille. Les habitants réclament l'amélioration, un tant soit peu, de leurs conditions de vie. «Faute de relogement, nous demandons au moins l'alimentation en continu de la cité en eau potable, le bitumage des routes et la réparation de l'éclairage public», indique notre interlocuteur. Il est à préciser que certaines familles habitent dans cette cité depuis l'indépendance, alors qu'une bonne partie d'entre elles y résident depuis les années 1990. Actuellement, la ferme Mustapha Ben Boulaïd est transformée en un imposant bidonville, où l'anarchie et l'insalubrité importunent sérieusement les habitants des cités limitrophes.