Le parti du Front de libération nationale (FLN) est au centre de terribles enjeux de pouvoir. Cela fait presque deux mois qu'il est sans secrétaire général après la destitution de Abdelaziz Belkhadem, le 31 janvier dernier, par la majorité des membres du comité central. La situation ne semble pas pour autant se débloquer. Les tiraillements sont d'une telle acuité qu'aucune solution n'est envisageable dans les jours à venir. Et pour cause : une aile du FLN, composée, selon des militants du parti, essentiellement des milliardaires recrutés par l'ex-secrétaire général, à leur tête Mohamed Djemaï et Baha Eddine Tliba, veut à tout prix propulser l'ancien président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Amar Saïdani, qui refuse, visiblement, d'en démordre malgré, soutiennent des cadres du FLN, un maigre CV et une réputation sulfureuse marquée par des démêlés avec la justice qui l'a cité, d'ailleurs, dans l'affaire de détournements du Programme national de développement agricole (PNDA). Entouré d'une caste d'anciens et de nouveaux responsables de l'ex-parti unique, qui se sont fait une place au soleil dans le système établi par le président Bouteflika depuis le début des années 2000, Amar Saïdani veut se frayer un passage en force vers la direction du FLN. Sa somptueuse villa à Moretti sur la côte ouest, située dans la «zone verte» de la résidence d'Etat, Saïdani est un des rares propriétaires dans cet endroit où l'immobilier est un bien de l'Etat, ne désemplit pas, selon nos sources. Des rencontres s'y tiennent tous les jours, indiquent nos interlocuteurs. Un seul objectif : placer l'ancien président de l'APN à la tête du FLN. «De quels soutiens se prévaut-il pour tenir ainsi tête malgré le rejet dont il fait l'objet depuis qu'il a annoncé sa candidature ?», s'interrogent beaucoup de militants du parti. Si des doutes entouraient au lendemain de la session du comité central qui a vu le départ de Abdelaziz Belkhadem, les énigmatiques soutiens en haut de Amar Saïdani, la rumeur enfle ces derniers jours sur l'implication des membres du cercle présidentiel. Beaucoup de cadres du FLN affirment que le prétendant au poste de secrétaire général fait valoir l'appui de la Présidence. On laisse même circuler le nom du frère du chef de l'Etat, Saïd Bouteflika, qui aurait été aperçu avec lui. Les partisans de Amar Saïdani, et non des moindres, parmi eux des ministres, celui de la Poste et des TIC entre autres, auraient confié aux cadres du parti qu'ils ont effectivement été «touchés» pour soutenir la candidature de l'ancien président de l'APN. Aux dernières nouvelles, des informations publiées par un confrère font état de réunions qui ont eu lieu au domicile de Abdelaziz Belkhadem. La dernière s'est déroulée avant-hier en présence des plus acharnés de l'option Saïdani, à savoir Mohamed Djemaï, le patron de Starlight, Tliba, le milliardaire de Annaba, et des sénateurs, parmi eux Madani Houd. Mais pourquoi un tel acharnement pour garder la main sur le FLN ? Le parti est un véritable outil de pouvoir, et le plus court chemin vers la rente. Mais plus que ça ! Selon des cadres du «Front» réfractaires à la ligne Belkhadem et au camp qui veut propulser Amar Saïdani au poste de secrétaire général du FLN, c'est l'élection présidentielle qui se joue dans les coulisses. Dans un contexte national marqué par un déballage inédit sur les affaires de corruption, certains cercles ne désespèrent pas de voir Abdelaziz Bouteflika rempiler pour un quatrième mandat, dont le président lui-même, si on se fie à son proche conseiller qui a parlé il y a quatre jours, sous le couvert de l'anonymat, dans les colonnes du quotidien El Khabar, n'écarte pas la possibilité. Seulement, Amar Saïdani et son clan n'arrivent toujours pas à atteindre leur objectif de contrôler le FLN. Pourtant, ils ont fait des pieds et des mains pour imposer à Abderrahmane Belayat, celui qui gère les affaires courantes du FLN, la tenue dans les brefs délais d'une session du comité central. Ils font face à un véritable blocage. Le bras de fer risque de durer longtemps et nul n'est capable pour l'instant d'en prévoir l'issue.