Ancien coordonnateur national du renseignement à l'Elysée, Bernard Bajolet, récemment nommé directeur général de la Sécurité extérieure (DGSE), est un diplomate familier du monde arabe et rompu aux missions délicates. Paris De notre correspondant Les lecteurs d'El Watan connaissent bien Bernard Bajolet. Nommé ambassadeur de France à Alger en septembre 2006, il avait multiplié les gestes de conciliation. Il sera le premier ambassadeur français à avoir fait exécuter les hymnes algérien et français à la villa des Pins, résidence de l'ambassadeur, sur les hauteurs d'Alger, à l'occasion de la fête nationale du 14 Juillet. Grande première, il avait rompu avec le discours dominant en déclarant que le «temps de la dénégation, des massacres perpétrés par la colonisation en Algérie est terminé», en évoquant les épouvantables massacres du 8 Mai 1945. Il a été ensuite nommé ambassadeur à Kaboul, poste qu'il occupait depuis février 2011. Né le 21 mai 1949 à Dombasle-sur-Meurthe (Meurthe-et-Moselle), Bernard Bajolet est l'un des descendants du peintre Claude Gellée, dit Le Lorrain. Après l'ENA et son entrée au Quai d'Orsay en 1975, il a accumulé les postes difficiles : Alger, Damas, Amman, Sarajevo, Bagdad. Mais Bernard Bajolet est un diplomate qui ne reste pas dans son bureau et qui va volontiers sur le terrain, escorté dans les pays en guerre par des gendarmes du GIGN. Il entame à Alger sa carrière diplomatique comme deuxième secrétaire d'ambassade en 1975, parfait sa connaissance du Moyen-Orient et de l'arabe comme conseiller à Damas de 1986 à 1990, puis comme ambassadeur à Amman de 1994 à 1998. Il est ensuite envoyé comme ambassadeur à Sarajevo en 1999 pour quatre ans. Nommé à Bagdad en 2003, il avait la difficile tâche de représenter la France, longtemps considérée comme un soutien au dictateur déchu, Saddam Hussein, et qui s'était fermement opposée à la guerre engagée par les Américains. Ses relations, avec le «proconsul» américain de l'époque, Paul Bremer, et avec les nouvelles autorités irakiennes, sont décrites comme étant délicates. Bernard Bajolet est, de surcroît, confronté aux prises d'otages des journalistes français — Christian Chesnot et Georges Malbrunot, puis Florence Aubenas — qui finiront par être libérés après une mobilisation sans précédent. En août 2008, Bernard Bajolet s'installe, pendant deux ans et demi, rue de l'Elysée, comme premier coordonnateur national du renseignement, un poste voulu par Nicolas Sarkozy dans le cadre de sa réforme du renseignement, qui vient d'être érigé en «fonction stratégique» par le Livre blanc de la défense et de la sécurité nationale. Dans cette petite structure d'une dizaine de personnes, Bernard Bajolet entame une autre mission délicate : tenter de coordonner les moyens et les activités de la communauté française du renseignement, de 11 000 hommes et femmes, civils et militaires. Il devra désormais gérer 5000 personnes. L'article 2 du décret du 2 avril 1982 fixe comme mission à la DGSE «de rechercher et d'exploiter au profit du gouvernement les renseignements intéressant la sécurité de la France, ainsi que de détecter et d'enrayer, hors du territoire national, les activités d'espionnage dirigées contre les intérêts français afin d'en prévenir les conséquences».