Chômage : « On est loin de l'avoir vaincu » L'ex-ministre du Commerce du gouvernement réformateur de Mouloud Hamrouche ne semble pas donner crédit aux chiffres annoncés par les pouvoirs publics sur la réduction du taux de chômage. « Ailleurs, quand on réduit le taux de 1%, on fait la fête. Curieusement, chez nous, on l'a réduit officiellement des 2/3, mais le gouvernement n'en fait pas spécialement un trophée de guerre ! » Smaïl Goumeziane qui doute sérieusement de la véracité des chiffres du gouvernement (17 puis 13 % !) assène simplement : « On est loin de l'avoir vaincu ! » Taux d'inflation : « Les statistiques sont douteuses » Tout comme pour le taux de chômage, le taux officiel d'inflation n'est pas crédible aux yeux de Smaïl Goumeziane. Motif ? Il trouve les indicateurs utilisés par le gouvernement pour son calcul complètement désuets. « Il faut revoir le système statistique qui s'appuie encore sur le prix des plaquettes de freins, alors qu'il aurait fallu prendre comme indicateur le prix du logement par exemple. » Fiscalité : « Il n'y a que les salariés qui payent les impôts ! » Smaïl Goumeziane s'étonne pourquoi on ne parle que de la fiscalité pétrolière en Algérie et on oublie (?) la fiscalité ordinaire. « Les seuls qui payent réellement leurs impôts sont les salariés parce que les retenues se font à la source. » Pour lui, le pouvoir refuse de faire une réforme fiscale sous la pression des multinationales, mais également pour permettre à une minorité de faire des affaires à l'ombre de l'Etat. « Les Algériens ne savent pas si X ou Y paye ses impôts », affirme-t-il. Réserves de change : « Nul ne sait où va cet argent » L'ex-ministre du Commerce plaide pour un débat national avec la société civile et les partis politiques pour savoir quoi faire avec l'argent du pétrole. Affirmant ne pas trop savoir l'usage qui est fait des réserves de change, Smaïl Goumeziane estime que le peuple algérien est en droit de savoir où est cet argent et comment il est dépensé. Convertibilité du dinar : « L'argument du gouvernement est le plus mauvais » Pour cet économiste, l'argument mis en avant par Ahmed Ouyahia pour rejeter la convertibilité totale du dinar, à savoir ouvrir la voie à la fuite des capitaux, est « le plus mauvais ». « Depuis 1962, la fuite des capitaux n'a jamais cessé et les sachets en plastique non plus », répond-il. S'il pense que le moment n'est pas propice pour recourir à cette formule, Smaïl Goumeziane le justifie simplement par le fait que l'économie algérienne n'est pas bien assise. « Il faut d'abord renforcer l'entreprise et introduire de vraies réformes qui imposent l'usage des chèques et des factures pour juguler la spéculation et bien sûr recréer le lien entre la banque et l'entreprise. » La convertibilité du dinar est pour lui « un faux débat ». Il appelle à une conférence nationale sur la question.