Après dix jours d'intenses activités, projections, débats, master-class, le 54e Festival du film de Théssalonique (nord de la Grèce) a primé une grande œuvre venue du Mexique. Thessalonique (Grèce) De notre envoyé spécial La Jaula De Oro (La cage d'or), de Diego Quemanda-Diez, a raflé tous les prix : prix Théo Angelopoulos (Alexandre d'or), prix du meilleur réalisateur, prix du public (Fisher). A l'âge de 15 ans, Sara (déguisée en garçon), Juan, Samuel et Chauk quittent le Guatemala en direction «d'El Norte», via le Mexique, dans l'espoir d'atteindre Los Angeles, la «cité mythique». Sur leur route, les dangers sont nombreux, terrifiants. Mais les quatre gamins ont du courage à revendre et ne craignent rien pour atteindre leur but. Diego Quemanda-Diez sait comment filmer un road movie sur le toit des trains. Il a été assistant de Ken Loach, Oliver Stone, Spike Lee, Fernando Mireiles, des cinéastes de renom. C'est son premier long métrage fiction. Coup d'essai, coup de maître. La Cage d'or a déjà reçu le prix d'Un certain regard au Festival de Cannes 2013. Lancé à la suite de ses jeunes protagonistes dans leur mission impossible, installant sa caméra sur le toit des trains pour des voyages interminables, Diego Quemanda-Diez confère à son œuvre le sentiment de la tragique magie qui guide la bravoure de jeunes harraga bien décidés à aller jusqu'au bout de leur rêve. La Jaula de Oro balance continuellement entre des situations d'une violence extrême, inhumaine : rafles multiples de la police, passeurs cruels, stupides et véritables escrocs, criminels snipers américains à la frontière qui abattent sans sommation les émigrants, des exécutions sommaires tolérées à Washington. Mais aussi des moments d'entraide et de solidarité : des prêtres catholiques qui logent et nourrissent les harraga, des paysans qui leur donnent du travail et leur lancent des fruits au passage des trains. Diego Quemanda-Diez a choisi de jeunes acteurs d'un professionnalisme déroutant : Karen Martinez (Sara), Brandon Lopez (Juan), Carlos Chajon (Samuel), Rodolfo Dominguez (Chauk). Ce film est aussi une chronique saisissante de la situation en Amérique centrale et au Mexique, où des milliers de jeunes et moins jeunes veulent fuir la misère, le désespoir et changer de vie ailleurs, très loin. C'est une œuvre d'une maestria éclatante, 102 minutes haletantes, qui méritent tous les prix, de Cannes à Thessalonique et sans doute ailleurs encore.Le Panorama du cinéma des Balkans a inscrit au programme des films de Croatie, Roumanie, Turquie, Slovénie, Serbie... Dans le passé, de grands cinéastes de la région ont vu leurs films primés au Festival de Thessalonique : Kusturica, Guney, Makavejev. De jeunes metteurs en scène ont pris la relève, comme le quator célèbre turc : Nuri Bilge Ceylan, Zéki Demirkubuz, Réha Erdem et Sémih Kaplanoglu, ou les cinéastes roumains, Critian Mungiu et Corneliu Porombu. Les sujets portent souvent sur l'histoire récente : la chute de Ceaucescu en Roumanie, la guerre civile en Yougoslavie, les coups d'Etat militaires en Turquie. Les controverses de la vie sociale, les tabous, les crises morales et les désaccords familiaux sont aussi montrés sur les écrans balkaniques.