Tout indique qu'il n'y aura pas et avant longtemps, de retrait militaire américain d'Irak, et que la réalité n'est pas celle qui est décrite avec beaucoup d'optimisme. En effet, l'armée américaine a déployé quelque 1500 soldats supplémentaires en Irak, venus du Koweït pour renforcer les troupes présentes dans la province d'Al Anbar, dans l'ouest de l'Irak, a annoncé mardi un porte-parole du Pentagone. Le général américain George Casey, commandant des forces de la coalition en Irak, a ordonné le déploiement de deux bataillons blindés stationnés au Koweït, a indiqué le porte-parole Bryan Whitman. Quelque 135 000 soldats américains sont actuellement stationnés en Irak. Le porte-parole du Pentagone a précisé que ce redéploiement visait à soutenir les efforts entrepris par les forces américaines et irakiennes pour rétablir l'ordre dans la province d'Al Anbar et « réduire la capacité d'influence d'Al Qaïda dans ce secteur-clé ». Le discours américain, sur ce plan là, n'a pas changé, mais cette note d'optimisme, qui l'accompagne généralement, a disparu de facto. Un argument de plus pour les les opposants au président américain George W. Bush surtout à l'approche des élections de ce fameux mid-term, un véritable test de son audience et celle de son parti que l'on dit depuis quelques mois entraîné dans sa propre chute. Selon les sondages, l'opinion publique américaine se montre de plus en plus lasse d'une guerre interminable et sanglante. Trois Américains sur cinq estiment que cette guerre ne valait pas les sacrifices endurés par les soldats, et la cote de popularité du président est au plus bas dans les sondages avec seulement 31% d'opinions favorables. Depuis des mois, l'administration du président George W. Bush essaie de convaincre les Américains que la guerre en Irak était justifiée et que le retour des soldats allait bientôt commencer. L'entrée en fonctions du premier gouvernement irakien élu depuis le renversement de Saddam Hussein avait entretenu l'illusion fausse bien entendu, d'un retour prochain progressif des soldats américains. Le Pentagone continue d'affirmer que de plus en plus de bataillons de soldats irakiens sont créés, tout en reconnaissant que les forces irakiennes seules sont incapables d'endiguer la violence qui secoue le pays. Selon le Pentagone, les troupes irakiennes comptent désormais 263 400 soldats répartis dans 71 bataillons. Le Pentagone a refusé de préciser si un seul de ces bataillons était en mesure de se battre sans l'aide des forces de la coalition. Le Pentagone assurait encore récemment que ses troupes pourraient passer de 135 000 à 110 000 d'ici à la fin de l'année. « Je pense qu'il est probable que nous verrons une baisse significative du nombre de soldats américains d'ici à l'an prochain », affirmait ainsi il y a deux mois la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice. Mais les faits étant ce qu'ils sont, il est bien difficile de prévoir une quelconque normalisation. Les points chauds - brûlants devrait-on dire - sont bien trop nombreux, et les Britanniques, qui croyaient avoir sous leur contrôle un secteur plutôt calme, se rendent compte à quel point le danger est grand à Bassorah, cette grande ville du sud où il n'y a pas de sunnites, source de contestation d'actions armées, selon la coalition.