Pour arriver à leurs fins, les partisans de Abdelaziz Bouteflika ne lésinent pas sur les moyens, quitte à employer des méthodes les plus rétrogrades, pour parvenir à collecter les «3 millions de signatures» promises par l'entourage du chef de l'Etat. Des témoignages concordants attestent que l'entourage du chef de l'Etat oblige les cadres des entreprises et administrations publiques à remplir les formulaires exigés par la loi pour les candidats à la présidence de la République. Le journal El Khabar rapporte, dans son édition d'hier, que des employés de l'Algérienne des eaux d'une wilaya de l'Ouest ont eu la surprise de se voir délivrer les formulaires à signer en faveur du candidat Abdelaziz Bouteflika. A Alger, ce sont des employés de Sonelgaz qui ont reçu le même document. «Je n'ai même pas suffisamment d'employés pour remplir autant de formulaires», proteste le responsable d'une agence de cette entreprise. Les travailleurs des communes ne sont pas en reste. «Nous avons mis le service d'état civil à la disposition de Bouteflika», reconnaît ainsi le président d'une APC de la capitale, qui avoue que toutes les facilités sont accordées aux responsables de la direction de campagne du chef de l'Etat sortant. Peu importent donc les dispositions réglementaires qui obligent les établissements publics à la stricte neutralité. Ces faveurs s'ajoutent au matraquage médiatique qu'organisent, chaque jour, les médias publics. Ainsi, tous les journaux parlés ou télévisés sont orientés en faveur de la campagne du chef de l'Etat. Pis, la télévision publique, décriée par les autres candidats, notamment l'équipe de Ali Benflis, diffuse chaque soir des émissions qui louent les «réalisations» de «fakhamatouhou». Le temps de parole consacré au chef de l'Etat, pourtant absent de toute activité publique, monte au fur et à mesure qu'approche la date du début de la campagne électorale. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a démarré, lui aussi, la campagne en faveur de Abdelaziz Bouteflika depuis plusieurs mois. Le responsable de l'Exécutif, qui remplace systématiquement le chef de l'Etat, incapable d'honorer ses engagements protocolaires, emploie tous les moyens de l'Etat pour convaincre les électeurs de donner leur voix au Président sortant. Alors que l'administration refuse d'accorder des autorisations d'activité publique à l'opposition, les partis qui soutiennent le candidat Bouteflika œuvrent sans difficulté. C'est le cas du Mouvement populaire algérien (MPA) qui a organisé, hier, un meeting de soutien à Alger. N'est-ce pas une preuve que la fraude a déjà commencé ?