Les travailleurs de l'unité de fabrication de fromage Bel Algérie réclament le retrait de confiance à la section syndicale. Les syndicalistes ont signé une convention collective sans l'avis des salariés. Bel Algérie est une unité de fabrication d'une dizaine de variétés de fromage fondu qui relève du label «La Vache qui rit». Elle est implantée dans la zone d'activité de Koléa, à l'extrémité sud-est de la wilaya de Tipasa. Son volume de production mensuelle varie entre 2000 et 2200 tonnes. Ses produits sont commercialisés depuis 2007. Depuis le 7 mars dernier, cette usine du secteur privé fait face à des turbulences qui commencent à susciter des interrogations. Le gréviste Fethi A., joint par téléphone, affirme : «Je suis un simple travailleur, mais je ne fais pas partie du syndicat, je n'ai pas de carte, nous dit-il, il y a un problème entre la section syndicale et les travailleurs ; d'ailleurs ce petit groupe de travailleurs, 90 environ, exigent le retrait de confiance à cette section syndicale qui a signé une convention collective sans aviser les travailleurs, les jours fériés ne sont pas payés et ne sont pas récupérés, les arrêts techniques sont déduits du congé des travailleurs. Aujourd'hui, la production est à l'arrêt, nous avons un effectif de 700 travailleurs. Une chaîne TV du secteur privé est venue nous filmer, mais elle n'a pas diffusé le documentaire sur ce que nous faisons, ajoute-t-il, attendez, je vous passe un autre travailleur», conclut-il. Nos interlocuteurs grévistes ne sont pas affiliés à la section syndicale. Smaïl H. travaille aussi à l'usine, «les éléments de la section syndicale de l'usine bénéficient des promotions et sont complices avec la direction, nos journées fériées nationales et religieuses ne sont pas payées», enchaîne-t-il. Contacté par nos soins, le responsable de la section syndicale rejette en bloc les accusations et tient à préciser : «Est-il normal qu'un groupe de travailleurs dont le nombre ne dépasse pas 80 sur un effectif global de 748 exigent le retrait de confiance de la section syndicale, juste en exhibant leurs cartes d'identité, sans être affiliés au syndicat de l'usine ? Dans l'intérêt général, nous sommes disposés à appliquer la règlementation sans mettre à l'arrêt les machines de production, car c'est notre gagne-pain», nous dit-il. Notre interlocuteur nous révèle avec documents à l'appui que durant l'année 2013, l'entreprise a dépensé 25 millions de dinars pour assurer totalement la formation de 667 travailleurs de l'usine dans les différentes spécialités en Algérie et à l'étranger. Cette usine de fabrication de fromage fondu est pourvue de 4 équipes de 140 travailleurs, afin de faire marcher les équipements sans arrêt. «Est-il normal que depuis le 7 mars, nous indique Nabil, des employés sont menacés et sont empêchés par les grévistes de rejoindre l'usine», dit-il. Notre interlocuteur syndicaliste cite l'exemple d'un machiniste de l'usine qui perçoit un salaire de 38 000 DA sans les primes et une somme de 25% de son salaire qui représente le travail posté. Nabil A., le plus jeune responsable d'une section syndicale au niveau de la wilaya de Tipasa, est catégorique : «Nous avons défendu les intérêts des travailleurs et j'invite quiconque à venir vérifier les acquis de nos travailleurs dès leur recrutement, en consultant la convention collective, la grille des salaires, les avantages des œuvres sociales, nous sommes un effectif de 748 travailleurs dont 688 bénéficient d'un CDI et le reste sont des contractuels, ce ne sont pas des mensonges, déclare-t-il, ces perturbateurs n'ont pas envie de travailler et j'ai l'impression qu'ils sont en service commandé pour casser notre usine qui est leader dans le domaine de la fromagerie. Leur grève est illégale, nous travaillons dans la transparence et nos travailleurs sont issus des communes des wilayas de Tipasa et de Blida», conclut-il. L'administration de l'usine, quant a elle, après avoir longtemps patienté, compte saisir la justice pour assainir l'atmosphère ; pour l'heure, elle demeure concentrée dans la production et la commercialisation de ses produits.