Ce regain de violence fait peser l'incertitude sur des pourparlers prévus la semaine prochaine pour tenter de résoudre la pire crise Est-Ouest depuis la fin de la guerre froide. Le gouvernement ukrainien pro-européen a lancé hier une «opération antiterroriste» contre les insurgés armés pro-Russes, dont les attaques font craindre un éclatement du pays avec des morts des deux côtés, selon Kiev. Ce regain de violence fait peser l'incertitude sur des pourparlers prévus la semaine prochaine pour tenter de résoudre la pire crise Est-Ouest depuis la fin de la guerre froide. Et il fait craindre que Moscou, qui a massé jusqu'à 40 000 hommes à la frontière, saisisse ce prétexte pour une intervention, le président Vladimir Poutine ayant promis de défendre «à tout prix» les ressortissants russes dans l'ex-URSS. Les autorités ukrainiennes, qui ont dénoncé une «agression» russe après une série d'attaques samedi, ont lancé «une opération antiterroriste (...) à Slaviansk» où un groupe armé pro-russe s'est emparé des locaux de la police et des services de sécurité (SBU), a annoncé Arsen Avakov, ministre de l'Intérieur. Il a fait état, sur sa page facebook, de «morts et blessés des deux côtés», un tué et cinq blessés côté loyalistes et «un nombre non déterminé» chez les séparatistes. L'administration régionale a, plus tard, fait état d'un mort et neuf blessés, ainsi que d'une autre victime, morte dans des combats sur une route stratégique près de Slaviansk, l'agence russe RIA affirmant, elle, qu'un civil avait également été tué dans la ville. Des manifestations pro-russes mais aussi pour l'unité de l'Ukraine ont eu lieu hier dans différentes villes de l'Est, selon les autorités régionales. A Marioupol, sur la mer Noire, les manifestants se sont emparés sans résistance du siège de l'administration locale, hissant le drapeau de la «république de Donetsk». A Kharkiv, grande ville de l'Est qui a connu des émeutes pro-russes, des incidents entre manifestants des deux camps ont fait une cinquantaine de blessés, et des pro-russes ont bloqué les locaux du conseil régional. A l'issue d'une première série de soulèvements le 6 avril, des insurgés pro-russes avaient proclamé à Donetsk, autre grande ville de la région, une «république souveraine» tout en ne contrôlant alors que deux bâtiments. Ils réclament le rattachement à la Russie, ou au minimum une «fédéralisation» de la Constitution ukrainienne pour donner de grands pouvoirs aux régions. Kiev refuse, y voyant la porte ouverte à un éclatement du pays, et n'accepte qu'une «décentralisation». Moscou n'a, rappelle-t-on, jamais reconnu le gouvernement provisoire pro-européen arrivé au pouvoir après le renversement, fin février, du président pro-russe Viktor Ianoukovitch. Et la Russie avait mis en garde, samedi, l'Ukraine contre tout recours à la force contre les insurgés. Samedi soir, dénonçant des attaques «orchestrées et synchronisées», le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a averti son homologue Sergueï Lavrov que Moscou devrait faire face à des «conséquences supplémentaires» si la tension ne retombait pas. De son côté, Moscou a démenti toute responsabilité dans les troubles et M. Lavrov a de nouveau affirmé que Moscou n'avait aucune intention de rattacher à la Russie les régions orientales de l'Ukraine. Des pourparlers Russie/Ukraine/Etats-Unis/UE sont justement annoncés pour jeudi prochain à Genève, afin de trouver une issue pacifique à la crise. Mais pour y participer, la Russie a exigé que les pro-Russes soient représentés pour exposer et défendre leurs «intérêts légitimes». Ceci pour dire que les choses sérieuses ne font que commencer.