Riccardo Petrella, économiste et politicologue, est l'un des fondateurs du Comité international pour un contrat mondial de l'eau. Selon lui, l'or bleu est l'objet de la convoitise du secteur privé à l'échelle mondiale. L'un des grands enjeux de cette décennie, d'après cet économiste, est de stopper la mainmise des entreprises transnationales sur une ressource à laquelle chacun devrait avoir droit. Il faut « réinventer les biens publics et communs », suggère-t-il. Il affirme que depuis 10 ans, les transnationales de l'eau assistées de la Banque mondiale ont soigneusement orchestré une stratégie d'affaires qui leur assurerait la mainmise sur l'eau. Ainsi, en 2001 a eu lieu la Conférence internationale sur l'eau des Nations unies à Bonn. Malgré les oppositions montantes de la part d'ONG réunies autour du Comité international pour le contrat mondial de l'eau et la mise en garde de l'Allemagne contre les risques encourus d'une privatisation accrue de l'eau, le Global Water Partnership a fait adopter le bien-fondé du partenariat public/privé. Le marché pourrait-il permettre de fixer le « prix juste » de l'eau, par un équilibre naturel entre l'offre et la demande ? Certainement, et un coût élevé permettrait d'éviter le gaspillage. Mais en 1977, la conférence des Nations unies de Mar del Plata proclamait : « Tout le monde a le droit d'accéder à l'eau potable en quantité et en qualité égales pour ses besoins essentiels ». En aucun cas, le prix de l'eau ne devrait devenir une forme de chantage pour la survie d'une population.