Vous n'aurez jamais de touristes si la ville reste aussi sale », a dû lâcher devant le wali, un maire français en visite dernièrement dans la ville de Béjaïa. La ville reste sale en effet. Peut-être pas plus qu'une autre ville algérienne, mais la vocation touristique dont elle s'affuble induit un surcroît d'exigences qu'aucune autorité ne semble capable d'assumer. L'on a en tout cas du mal à comprendre l'absence d'une opération sérieuse de reprise en main à travers les cités, maintenant qu'il y a autant de sous dans les caisses. Béjaïa n'est pourtant pas une ville tentaculaire, surpeuplée et n'offrant point de marge de manœuvres pour une action réfléchie de réhabilitation. Il y a bien sûr cette campagne de volontariat « bricolée » sans sensibilisation véritable en direction du citoyen. « Oui au civisme, mais l'APC ne doit pas attendre de nous que l'on supplée au travail de la régie communale », objecte à juste titre le membre d'une association, irrité par cette conception du civisme qui fait de l'habitant d'un quartier un agent municipal. Dans les quartiers de la périphérie, l'insalubrité continue à empoisonner la vie des citoyens dont beaucoup se retrouvent hôtes soit d'immigrés soit de proches venus des autres régions du pays pour passer des vacances dans cette Béjaïa tant vantée et louée. Maintenant que les grandes chaleurs et le taux d'humidité atteignent les pics qui sont les leurs cette année, il faut savoir s'armer, un peu dans le sens littéral du terme, pour lutter contre les raids massifs des moustiques et les invasions des fourmis et autres cancrelats comme cela est le cas au quartier Sidi Ahmed. Les rats et les…reptiles ne sont pas en reste, comme témoigne un habitant du quartier qui dit avoir assisté de son balcon à un combat à mort entre un rongeur et un serpent dans une poche de terrain vague qui sépare deux immeubles. C'est dire combien les lieux peuvent offrir des attractions. Moustiquaires, aérosols toxiques, pastilles, gels tueurs et autres gris-gris sont la panoplie indispensable dans les appartements de cette nouvelle ville créée en 1986 et jamais achevée. Sinon pour les herbes hautes et les chardons têtus, les enfants oisifs de chaque pâté jouent avec les allumettes et mettent le feu dans le tas dans de joyeuses chorégraphies de Sioux. Le week-end dernier, le feu a tellement pris que les pompiers ont accouru pour que les oliviers rabougris qui s'entêtent sur ces hauteurs de la ville ne se transforment en torches.