Depuis octobre, le mouvement anti-islam Pegida (Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident) mobilise chaque lundi contre la religion musulmane et les demandeurs d'asile. La chancelière Angela Merkel a annoncé qu'elle serait présente, au côté du président Joachim Gauck, à une commémoration silencieuse des organisations musulmanes allemandes, ce soir à la Porte de Brandebourg, au cœur de Berlin. «Nous allons envoyer un signal très fort demain (aujourd'hui, ndlr) pour la cohabitation paisible des différentes religions en Allemagne (...). Le président (Gauck) a fait savoir qu'il prononcerait un bref discours et je serai aussi présente en tant que chancelière, avec de nombreux membres du gouvernement», a déclaré Mme Merkel lors d'une conférence de presse commune avec son homologue turc, Ahmet Davutoglu, qu'elle accueillait à Berlin. Depuis octobre, le mouvement anti-islam Pegida (Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident) mobilise chaque lundi contre la religion musulmane et les demandeurs d'asile. Avec un succès croissant : 500 personnes pour le premier défilé le 20 octobre, 10 000 début décembre, 18 000 lundi dernier, un record. Après les attaques islamistes qui ont fait 17 victimes en France, Angela Merkel a participé, dimanche à Paris, à une manifestation géante contre le terrorisme, aux côtés d'une cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement. Lors de son allocution du Nouvel an, elle avait appelé ses compatriotes à ne pas participer aux manifestations anti-islam en Allemagne, estimant qu'elles étaient organisées par des gens au «cœur rempli de préjugés et de haine». «L'islam appartient à l'Allemagne», a martelé la chancelière hier, réitérant des propos qu'elle avait déjà tenus dans le passé et invitant à éviter l'amalgame avec les terroristes. Pays de 81 millions d'habitants, l'Allemagne compte environ 3 millions de personnes turques ou d'origine turque, qui forment la majorité de la communauté musulmane allemande, forte d'environ 4 millions de personnes. Les autorités allemandes craignent une montée des tensions dans le pays suite aux attaques survenues en France. «L'islam et le terrorisme ne pourront jamais aller ensemble», a affirmé le chef du gouvernement turc, appelant aussi à éviter tout amalgame «car c'est ce que souhaitent les terroristes». Il en a profité pour défendre l'adhésion de son pays à l'Union européenne, qui serait, selon lui, «un très bon signal de paix pour le monde entier». L'intervention d'Angela Merkel intervient au moment où l'enquête se poursuit en Allemagne pour identifier les auteurs d'un incendie criminel commis dans la nuit de samedi à dimanche contre le Hamburger Morgenpost, un journal de Hambourg (nord) qui avait publié des caricatures de Charlie Hebdo. Deux suspects interpellés dimanche ont été relâchés hier. Aucune piste ne se dégage pour le moment. Mais, bien sûr, Pegida s'en moque royalement. Le mouvement anti-islam allemand espère profiter des attentats terroristes en France pour gonfler ses troupes, ce dont ne veut pas entendre parler Angela Merkel.