Le secrétaire général du FLN, Amar Saadani, a profité jeudi dernier d'une rencontre de concertation avec l'Alliance nationale républicaine (ANR), l'ancienne formation de Rédha Malek devenu parti croupion, pour conditionner sa participation à la conférence nationale du consensus proposée par le FFS. Le parti, selon lui, «refuse d'être présidé dans le cadre de l'initiative du consensus national», car il s'agit, a-t-il dit, du «parti de la majorité». Le FLN de Amar Saadani ne voit pas également d'un bon œil la participation à une rencontre qui remettrait «en cause la légitimité des institutions en place partant de la présidence de la République aux institutions élues». «Il s'agit, pour lui, d'une ligne rouge à ne pas franchir.» Pas seulement. Le FLN dicte sa loi Saadani a exigé que les rencontres du parti se déroulent avec les autres formations politiques et «non pas avec des personnes ou associations représentant la société civile». «Si l'initiative est nationale, les préparatifs devraient être de même, en s'accordant préalablement sur la liste des participants», estime encore le secrétaire général du FLN, pour qui «ces questions n'ont pas encore atteint la phase de maturité». Saadani, qui encourage toutefois «toute initiative en faveur du consensus national et du resserrement des rangs», souffle le chaud et le froid quant à l'initiative du FFS. Un pas en avant, deux en arrière. Pourtant en début de semaine, des informations sont sorties dans la presse faisant état de l'engagement du FLN pour cette conférence. La direction de l'ancien parti de Hocine Aït Ahmed va-t-elle tenir compte des conditions posées par Amar Saadani ? Si oui, à quoi servirait donc une conférence nationale censée débattre de la crise que traverse le pays si elle ne traitait pas de la responsabilité des tenants du pouvoir ? Une conférence qui éluderait les termes de la problématique qui se pose au pays, et la gestion des affaires de l'Etat ces quinze dernières années n'en est pas une ! Ce que craint Saadani, en réalité, est qu'une telle rencontre se transforme en procès politique du pouvoir où sera contestée sa légitimité, y compris celle du FLN, dont se targue son secrétaire être le première force politique avec seulement 1 324 363 voix recueillies lors des élections législatives de mai 2012. Alors, ce que voudrait Amar Saadani —lui-même éclaboussé par plusieurs scandales révélés dernièrement par la presse — serait plus une grande kermesse qui rassemblerait les tartufes du régime qu'une rencontre sérieuse qui ambitionnerait de définir une alternative viable. Lignes rouges C'est en fait le sens des lignes rouges qu'il ne manque pas, à chaque occasion, de délimiter à l'initiative du FFS. Ne faudrait-il pas pour ce dernier d'ailleurs de réagir publiquement aux positions exprimées par le secrétaire général du FLN sur sa propre initiative, quitte à se remettre quelque peu en cause ? L'ancien parti de Hocine Aït Ahmed, qui a pris part à la conférence nationale de l'opposition à Mazafran le 10 juin dernier, n'aurait-il pas dû rester plutôt dans son camp naturel en y soumettant ses idées à débat que de parasiter une initiative de rassemblement contre le pouvoir ? Autant de questions que les observateurs de la scène politique se posent aujourd'hui. Quelques mois après son lancement, le consensus national que recherche le FFS, décrié par les partis de l'opposition réunis au sein de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique, patine et patauge sur une scène politique suffisamment polluée par des initiatives qui confortent plus qu'elles ne dérangent les tenants du pouvoir si elles ne sont pas inspirées par lui. Telle qu'elle a évolué, la conférence du FFS a la chance d'aboutir à la condition, c'est le souhait du secrétaire général du FLN, que l'ancien parti de Hocine Aït Ahmed accepte la compromission dont il est déjà soupçonné avec un pouvoir à la recherche d'un énième souffle, et des marionnettes pour amuser un public désabusé.